Voir le Jour © Grégoire Müller
Extraits du spectacle « Voir le jour » joué les 23, 24 et 25 septembre 2022 au Théâtre du Vide-Poche à Lausanne.
Découvrez les 3 poèmes extraits du recueil IntempOralité lus et mis en scène par la compagnie “Cœur en bouche” lors de ce spectacle.
Je voudrais être un arbre
Ce que je sais
La voie
VOIR LE JOUR « Exister, mode d’emploi » est le spectacle poétique et musical 2022 de la compagnie Cœur en Bouche. L’être humain n’est pas que 71% d’eau claire: il est origine, rythme, devenir, identité. Comment ce qui nous compose entre-t-il en résonance avec le cosmos ? Quelles ressources trouver dans l’existence elle-même ?
En une heure, dans une perspective d’ouverture du cœur, les cinq artistes de la compagnie vous proposent de mettre en résonance la beauté du monde avec la beauté intérieure. Au vu de la déshumanisation sociétale actuelle aggravée par la pandémie et ses bouleversements, il apparaît plus urgent et nécessaire que jamais d’offrir ce type de partage positif et fondamental.
VOIR LE JOUR raconte l’art d’être à la vie, de l’aube à l’aurore sous forme de textes poétiques du 12e au 21e siècle, de musiques originales et danses…
Je voudrais être un arbre…
Je voudrais être un arbre en lisière de forêt,
Un chêne centenaire aux branches accueillantes.
Je voudrais être un arbre aux racines profondes,
En lien avec la terre et le monde d’en bas,
Un chêne millénaire au feuillage vibrant,
En lien avec le vent et le monde d’en haut,
Un chêne centenaire, un chêne millénaire,
Bien planté dans la terre et dressé vers le ciel,
Un maillon végétal reliant pierre et chair,
Une chaîne vivante entre sol et soleil,
À contempler le temps égrener ses saisons,
À observer la vie sans fin recommencer ;
Un arbre haut et large en bordure de chemin,
À pousser droit et fier au milieu des broussailles,
Un chêne millénaire empli de chants d’oiseaux,
Frémissant de ce souffle où palpite la vie.
Je voudrais être un arbre en lisière de forêt,
Un chêne centenaire aux branches accueillantes.
Je voudrais comme lui m’élever jusqu’au ciel,
En poussant vers le bas, en poussant vers le haut.
Je voudrais être un arbre et comme lui grandir
Les deux pieds dans la terre et la tête au soleil…
Ce que je sais
Je sais bien que les plus grands navires d’acier
finissent par rouiller.
Je sais bien que les modes passent,
Que l’hiver succède à l’automne,
Que la nuit suit le jour
Et que la ronde du temps ne m’attend pas.
Mais je sais aussi que le printemps chasse l’hiver,
Je sais que le soleil brille après l’orage,
Que le jour se lève après la nuit,
Que le changement ne change pas,
Et que le temps continue sa ronde sans fin.
Alors, je comprends que ma vie n’aura pas de fin,
Qu’elle est comme toute chose,
Qu’elle naît, meurt et puis renaît,
Que je suis dans la ronde du temps,
Que je tourne avec elle
Et que le bonheur dans la vie
C’est la vie !
Miracle de chaque instant
Où tout peut naître entre nos mains.
La Voie…
Regarder devant soi sans souci du passé,
Faire un pas après l’autre en marchant droit devant.
Aller à l’essentiel, être reconnaissant,
Conscient à chaque instant de cette vérité.
Rendre grâce à la vie, contempler la beauté,
Sans fin s’émerveiller, pareil à un enfant.
Se fondre dans l’azur, ici et maintenant,
Confiant en l’avenir sans plus se retourner.
Chasser de soi le mal pour aimer sans détour,
Aimer sans condition, sans retour et toujours.
Comprendre que l’amour est le salut du monde,
Que tout est né de lui, que tout passe par lui,
Qu’il est l’unique Voie pour combattre l’immonde
Et apporter la paix au cœur de notre vie.