Croyez pour être fort. Aimez pour être heureux.
Victor Hugo
Tremblement de coeur
À celui pour qui mon cœur tremble…
Quand pareille à un tremblement de terre, la maladie ébranle et bouleverse la vie d’un couple…
Une centaine de poèmes pour décrire, jour après jour, les émotions nées de ce grand séisme.
Le dire ? Mais à qui ? Quand et comment ?
Quand tout autour de vous, fermés comme des huîtres, nul ne veut recevoir la souffrance des autres.
Juin 2012 – 144 pages
ISBN : 978-2-8399-0992-1
Prix 25 CHF
Garde-corps
Aimer, c’est savourer, au bras d’un être cher, la quantité de ciel que Dieu mit dans la chair…
Victor Hugo
Dire ou ne pas dire?
Quand pareille à un tremblement de terre, la maladie ébranle et bouleverse la vie d’un couple…
Le dire ? Mais à qui ? Quand et comment ?
Quand tout autour de vous, fermés comme des huîtres,
Nul ne veut recevoir la souffrance des autres.
Quand la peur du cancer les épouvante tant
Qu’ils fuient à votre approche tremblant de l’attraper.
Alors on abandonne, puisqu’on ne peut les dire,
Tous ces maux au papier qui sait les accueillir.
Et dans la solitude de son cœur déchiré,
Le tourment on transcende, grâce à la poésie
- Tremblement de coeur
- Dire ou ne pas dire?
- Filet de survie
- Bords dangereux
- Déséquilibre
- Je pense à toi
- Garde-corps
- Pendant qu'il est encore temps
- En avant toute
Temblement de coeur
Nous étions une terre où brillait le soleil,
Une vaste étendue, solide et homogène.
Nous étions une terre que nous foulions ensemble,
Heureux et insouciants de notre pas tranquille.
Nous étions une terre où battaient nos deux cœurs,
Où nos yeux sans limites regardaient vers demain,
Où la route sans fin filait vers l’horizon.
Nous étions une terre où il faisait bon vivre,
Un petit continent préservé des tempêtes,
Une terre d’accueil où fleurissait la joie,
Mais la terre a tremblé un jour de février,
Ébranlant la confiance mise dans l’avenir,
Lézardant la surface de notre île d’amour…
Nous étions une terre où il faisait bon vivre,
Une vaste étendue, solide et homogène,
Mais ce grand tremblement a tout fait basculer,
Fissurant notre terre et crevassant nos cœurs,
Désormais il nous faut, sans penser à demain,
Nous aimer sur la faille née de ce grand séisme.
Poème lu par Lolita sur la RTS le 5 avril 2011
Dire ou ne pas dire?
Le dire !
Mais à qui ?
Quand et comment ?
La peur et les angoisses
Face à la maladie
Hantent chacun de nous
Lorsqu’elle fait son entrée.
Mais qu’il est difficile
D’en parler simplement
Quand les regards inquiets
S’esquivent au moindre mot.
Une étrange pudeur
Ou serait-ce une gêne ?
S’installe chaque fois
Qu’on voudrait en parler
Et chacun maladroit
Craignant de l’évoquer
Se dandine sans fin
Troublé par l’anxiété.
Le dire ?
Mais à qui ?
Et comment ?
Quand tout autour de vous
Fermés comme des huîtres
Nul ne veut recevoir
La souffrance des autres.
Quand la peur du cancer
Les épouvante tant
Qu’ils fuient à votre approche
Tremblant de l’attraper
Alors on abandonne
Puisqu’on ne peut les dire
Tous ces maux au papier
Qui sait les accueillir
Et dans la solitude
De son cœur déchiré
Le tourment on transcende
Grâce à la poésie.
Poème lu par Lolita sur la RTS le 5 avril 2011
Filet de survie
Ô mon amour,
Nous voilà séparés
En ces sombres journées,
Non par le désamour
Ou l’infidélité,
Mais par la maladie
Qui te cloue dans son lit,
Toi dans cet hôpital
Luttant contre ton mal,
Moi dans l’appartement
Seule avec mes tourments,
Séparés malgré nous
Par cette maladie
Qui vautrée entre nous
Tel un odieux coucou
Sème la zizanie
Et s’approprie le nid,
Ô mon amour,
Séparés mais unis
En ces pénibles jours,
Forts de ces liens puissants
Noués depuis trente ans
Qui malgré les ennuis
Et la séparation
Soutiennent notre union
Et sont notre secours.
Bords dangereux
Ne pas penser à la mort
Ne pas s’approcher du bord
Résister à l’attraction
Qui me tire vers le bas
Résister à la pulsion
Qui me pousse dans ses bras
Me soustraire à son emprise
Qui lentement m’hypnotise
Lutter contre ce vertige
Qui m’étourdit et me fige
Rompre la fascination
Qui mène à la destruction
Ne pas penser à la mort
Ne pas s’approcher du bord
Réprimer cette attirance
Pour le vide et le néant
S’arracher à la béance
Pour rester dans le présent
Avancer sans y penser
Pour garder mon équilibre
Avancer la tête libre
Malgré la peur de tomber
Les yeux tournés vers les cimes
Afin d’oublier l’abîme
Ne pas penser à la mort
Ne pas s’approcher du bord
Longer le trottoir des jours
En regardant devant moi
Et m’en tenir à l’amour
Pour ne pas faire de faux-pas.
Déséquilibre
Je te croyais invincible
Solide comme un roc
Invulnérable !
Je te sentais si fort
Indestructible !
Capable de tout dépasser
Capable de tout surmonter
Même de traverser le temps…
Je te voulais si fort
Je t’espérais si fort
Pour protéger ma vie
Pour prendre soin de moi
Et voilà que tu titubes
Voilà que tu trébuches
Voilà que sous les coups
Répétés du cancer
Tu vacilles à présent
Comme un géant fragile
Je te croyais si fort
Et pourtant tu chancelles
Ébranlant la confiance
Que j’avais mise en toi
Rappelant violemment
À mon cœur effrayé
Que tu es vulnérable
Et que je peux te perdre
Je te voulais si fort
Mais tu es comme moi
Aimant et désarmé
Face à la maladie
Et devant ce cancer
Qui te déséquilibre
Et malgré ma terreur
De te voir t’affaisser
Je dois te soutenir
Pour ne pas basculer
Tu n’es pas invincible
Et je suis vulnérable
Mais grâce à notre amour
Soutien de notre espoir
Nous resterons debout
Unis face au cancer
Préservant de nos vies
Le précaire équilibre.
Je pense à toi
Perdue dans le lit conjugal
Je pense à toi… seul dans ta chambre d’hôpital.
Je pense à toi,
Qui luttes avec tant de courage
Contre ce mal qui te ravage.
Je pense à toi,
Pour un temps coupé de la vie
Seul dans ton lit en aplasie.
Je pense à toi, je pense à nous,
À ces détails insignifiants
Que seuls retiennent les gens qui s’aiment,
À la force du lien puissant
Que seuls comprennent les gens qui aiment.
Je pense à toi,
Qui attends confiant sur ta couche
Que prolifèrent tes cellules souches
Et que revienne dans tes os
La vie comme un précieux cadeau.
Je pense à toi,
À cet amour que tu me donnes
Qui m’émerveille et qui m’étonne,
À cette offrande quotidienne
Qui rend mon âme si sereine.
Je pense à toi,
Qui cours au-devant de la vie
Te moquant de la maladie,
Je pense à toi
À ta main scellée dans la mienne
Pour avancer quoi qu’il advienne,
Je pense à toi,
Essentiel à mon existence
Comme la moelle à ta survivance.
Garde-Corps
Tenir ton corps entre mes bras
Comme on tient celui d’un enfant
En caresser la peau fiévreuse
Afin d’en calmer la brûlure
En apaiser le tremblement
En l’effleurant avec tendresse
Tenir ton corps tout contre moi
Pour m’assurer de ta présence
En explorer chaque recoin
Afin de t’habiter entier
T’enlacer de mon affection
Pour te délivrer de la tienne
Emmêler mes membres aux tiens
Pour t’enraciner dans ma chair
Tenir ton corps entre mes bras
Comme on tient celui d’un enfant
Le tenir si fort contre moi
Pour t’empêcher de t’envoler
Te retenir auprès de moi
En te lestant de mon amour…
Pendant qu’il est encore temps
Ô mon Aimé,
Pendant que j’ai encore le temps
Pendant qu’il me tourne la tête
Avant qu’il ne vienne me prendre
L’amour que je veux te donner
Avant qu’il n’ouvre son manteau
Tissé du fil du temps qui passe
Et qu’à jamais il me recouvre
Des plis de son éternité
Te dire ces mots qu’on ne dit pas
Te dire ces choses qu’on oublie
Te dire que tu es tout pour moi
Te dire que tu me rends heureuse.
Ô mon Aimé,
Pendant que nous avons le temps
Pendant qu’il a la tête ailleurs
Avant qu’il ne vienne nous prendre
Ce que nos cœurs ont à donner
Avant qu’il ne fasse un accroc
Dans la trame de nos deux vies
Et qu’à jamais nous nous perdions
Dans les plis de son grand manteau
Nous dire et nous redire
Ces petits mots qu’on ne dit pas
Nous dire et nous redire
Toutes ces choses qu’on oublie
Nous dire que les plus Grands Amours
Sont les fruits de petits « je t’aime »…
En avant toute
On avance, on avance,
Sans regarder derrière
On avance, on avance,
En cherchant la lumière
On roule pour la vie
Qui nous pousse en avant
Malgré la maladie
Qui nous freine un instant.
On avance, on avance,
En dépit de la peine
On avance, on avance,
Libre malgré les chaînes
On reprend son élan
Pour aller vers demain
Plein d’un désir gourmand
Dans le cœur et les mains.
On avance, on avance,
Tournés vers l’avenir
On avance, on avance,
Espérant devenir
On roule vers la vie
Qui nous tire en avant
Dépassant les soucis
Et transcendant le temps.
Chère Madame,
Encore une fois, je vous remercie infiniment pour l’envoi de vos textes. Chaque fois que vous m’en envoyez, je ne peux résister au plaisir d’en découvrir un ou deux dans l’immédiat, mais préfère réserver les autres pour les goûter dans un moment de calme. Et j’avoue que j’aime toujours autant la façon que vous avez de mettre en mots apparemment très simples ce que vous vivez au gré de la maladie de votre époux. J’ai toujours apprécié l’art de dire très simplement des choses compliquées ou essentielles et je trouve que vous excellez en la matière.
Dans l’attente du plaisir de vous revoir, je vous fais mes amitiés à tous les deux.
Martine Rossel 12.04.07
Merci pour ton livre tremblement de cœur c’est un bonheur de lire cet hymne d’amour à son conjoint et à la vie. Merci à ta sœur Évelyne qui m’a permis de te rencontrer avant de te lire. Mon fils a eu un cancer et dans tes pages je me suis retrouvée. Tes poésies se lisent comme une musique, elles se fraient un chemin dans nos cœurs. Félicitations pour avoir su traduire au delà des mots ce que nous vivons dans ces moments de désespoir. Je te retrouverai dans un autre livre.
Tous mes vœux de réussite.
Citations diverses
Une phrase de William Ward qui m’a beaucoup aidée et que je relis souvent…
Le souci, c’est la foi négative, c’est la croyance en la défaite, en la possibilité du désastre. Le souci est un aimant qui attire ce qu’il y a de négatif ; la foi est une force plus puissante qui crée les circonstances positives.
Se faire du souci, c’est perdre l’aujourd’hui en sabotant les opportunités de demain avec les problèmes d’hier.
William Ward
Seigneur, donne-moi la sérénité d’accepter ce que je ne peux pas faire. La force de réaliser ce que je peux faire. La sagesse pour discerner entre les deux.
Marc Aurèle
N’envoie jamais demander pour qui sonne le glas: c’est pour toi qu’il sonne. John Donne
« La vie du poète est celle de tous » a dit Gérard de Nerval, mais « Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain ; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne ».
(Wikipedia, «John Donne»)
Mon passé n’est rien de plus que le sillage que j’ai laissé derrière moi. Ce qui motive ma vie aujourd’hui, c’est l’énergie que je dégage à chaque instant !
Wayne–Dyer
Citations Epictète
Blâmer les autres pour ses malheurs est digne de mauvaise éducation. Se blâmer soi-même montre que son éducation a commencé. Ne blâmer ni soi ni les autres montre que son éducation est achevée.
Épictète (50 ap. J.-C)
Raisin vert, raisin mûr, raisin sec. Tout n’est que changement, non pour ne plus être mais pour devenir ce qui n’est pas encore.
Épictète
Ne demande pas que les choses arrivent comme tu le désires mais désire-les telles qu’elles arrivent et tu seras heureux.
Épictète
Ce ne sont pas les choses elles-mêmes qui nous troublent, mais l’opinion que nous nous en faisons.
Épictète
Il faut limiter ses efforts à ce qui dépend de soi, cad à son propre comportement. Tout le reste ne dépend pas de soi, il est donc illusoire de vouloir le changer. C’est du temps perdu, et surtout de la frustration garantie.
Épictète