« Des mots pour dénoncer, des mots pour libérer!
Des mots à slamer, à déployer aux quatre vents comme des « m-oriflammes »
Catherine Gaillard-Sarron
Ex-Slamation
Poèmes
« Des poètes qui s’ex-slament, qui slament ce qui se trame, qui s’indignent et s’exclament, qui sans fin nous désarment ! »
Composé de sept tableaux et de cent cinquante-quatre poèmes « Ex-slamation » est le fruit d’une réflexion qui porte sur la solitude, la difficulté à vivre, seul ou ensemble, sur la violence, la haine, la guerre, l’injustice, le sexisme, les nouvelles technologies, l’écologie, mais aussi sur la beauté de la nature, l’espoir et l’amour.
Février 2024 – 256 pages
ISBN : 978-2-9701281-9-9
Prix 25 CHF
Ex-Slamation - Tu seras un homme... ma fille
Vernissage du recueil le 27 avril 2024
Plus d’infos
« Des mots qui claquent, des mots qui marquent. Des mots comme des balles qui sifflent dans les salles. Des mots comme des armes, tranchants comme des lames! »
Ex-Slamation
4e de couverture
Composé d’environ cent cinquante poèmes « Ex-slamation » est le fruit d’une réflexion qui porte sur la solitude, la difficulté à vivre, seul ou ensemble, sur la violence, la haine, la guerre, l’injustice, le sexisme, les nouvelles technologies, l’écologie, mais aussi sur la beauté de la nature, l’espoir et l’amour. Des poèmes engagés, militants, qui nous questionnent sur notre rapport à l’autre, à la vie et dénoncent les problèmes de notre société. Des textes forts, percutants qui interpellent par leur pertinence et la profondeur de leur analyse. En dépit du regard sombre et sans complaisance que la poétesse pose sur le monde d’aujourd’hui, « Ex-slamation » se veut avant tout un manifeste poétique pour la vie, l’amour, la paix et le mieux vivre ensemble.
Des poètes qui s’ex-slament, qui slament ce qui se trame,
Qui s’indignent et s’exclament, qui sans fin nous désarment !
Des mots qui claquent, des mots qui marquent. Des mots comme des balles qui sifflent dans les salles. Des mots comme des armes, tranchants comme des lames ! Des mots pour dénoncer, des mots pour libérer. Des mots à slamer, à déployer aux quatre vents comme des « m-oriflammes » !
« Il faut savoir s’indigner pour rester digne ! »
Jean-Marie Leclercq 4.5.24
Un recueil « qui sort de l’ordinaire » par ses textes.
« Dans ce recueil d’une grande maturité poétique, il y a des évidences qui ne trompent pas et valent des vérités. Cela vaut bien des compliments ! Catherine, nous offre ce qui vit et vaut la peine avec la joie de vivre debout, avec un rythme du cœur ouvert aux autres. Quête d’unité, jusqu’à toucher le ciel. On devine en ses poèmes, un amour de la vie, de la nature, des êtres vulnérables, de ceux qui n’ont pas de voix pour s’exprimer, pour se défendre.
Dans cet univers du regard et du sentiment, il y a d’une part ce qui gêne, ce qui pèse, ce qui angoisse, et le temps qui use les êtres chers, et d’autre part ce qui libère, ce qui porte en apesanteur, en altitude vers un autre monde de la terre que nous détruisons tous les jours mais qui est encore le nôtre, mais pour combien de temps encore…
J’aime tous les mots que le public ne connaît pas comme le titre Ex-Slamation qui fait son prix !
Autrement dit est-ce le poète qui offre son amour au poème, ou le poème qui fait l’amour au poète ? Sans aucun doute, les deux. Tant est grande la communion entre la parole et le cœur.
Les vrais poètes meurent au combat même quand ils meurent au lit. Ils livrent bataille toute leur vie. Le destin qui s’achève sur une telle victoire ne s’arrête pas là. Il commence pour enflammer et assomme même le sourd avec le rayon secret de l’émotion !
De l’indignation à la transcendance, via l’émerveillement! Laurence Amy
- Billet D. Fattore du 6.4.24
- Ex-Slamation
- Le verbe et le néant
- Mots balises
- La fleur du mal
- BabyloNet
- A l'écoute du monde
- Casino
- Bonheur sur ordonnance
- Tu seras un homme ma fille...
- La société de consommation
- « Ac-corps » perdus
- Le leader
- Hermeline ou l’enfance assassinée
- Elle était
- N'attendez pas
Ex-Slamation
De l’indignation à l’apaisement.
Blog Fattorius
Catherine Gaillard-Sarron – « Ex-Slamation »: le titre du tout dernier recueil de poésies de l’écrivaine Catherine Gaillard-Sarron constitue tout un programme, qui marque l’essentiel des textes publiés. L’ouvrage est marqué par des textes engagés, évocateurs des révoltes que la poétesse entend partager avec son lectorat.
L’évocation du « slam » dans le titre en forme de jeux de mots du recueil est programmatique: le lecteur découvrira des poèmes incisifs, aux rimes qui claquent volontiers, roulant sur une versification essentiellement néoclassique qui, à plus d’une reprise, appelle une mise en musique. Par ailleurs, l’auteure n’hésite pas, par moments, à malmener les mots ou à jouer avec eux pour leur offrir un nouveau sens inattendu, par un simple écart de sonorités par exemple.
Ecologie, féminisme, alcoolisme, monde qui se fait la guerre: les révoltes évoquées par la poétesse sont celles d’aujourd’hui. Elle a cependant la sagesse de ne guère désigner de coupables, si ce n’est peut-être la gent masculine de l’espèce humaine, à l’occasion de quelques poèmes inspirés par un féminisme tout personnel, qui affleure déjà dans plus d’un de ses ouvrages précédents. En la matière, on relève l’originalité de poèmes manifestement inspirés du « Dormeur du Val » d’Arthur Rimbaud (« Désertion », p. 63) ou de « If » de Rudyard Kipling (« Tu seras un homme ma fille », p. 68).
Quant au covid-19, il donne à l’auteure un point de départ pour proposer quelques poèmes inquiets sur le processus de déshumanisation qu’a enclenché le cycle de contraintes liées à la pandémie de triste mémoire – un processus qui peut aussi fragiliser l’inspiration d’un écrivain. Ces poèmes signent cependant un basculement dans le recueil: celui-ci va peu à peu receler des textes qui touchent à quelque chose de plus… « essentiel », pour relever un adjectif que la poétesse affectionne – on le retrouve à plus d’une reprise dans ces textes, mais aussi dans le titre d’un autre recueil: « Le refuge essentiel« .
L’essentiel? Ce sont la vie, l’amour et la poésie, le lecteur le comprend poème après poème, face à l’émerveillement que l’auteure partage, allant jusqu’à évoquer une certaine transcendance. C’est donc sur une impression émerveillée, mais aussi consolée (et l’écriture, plus apaisée, en témoigne aussi formellement), que le lecteur quitte ce recueil qui, dès lors, donne une leçon: il y a un temps pour s’indigner, mais il y a aussi un temps, le meilleur qu’on garde pour la fin, pour s’émerveiller. Et en sa qualité de poétesse, Catherine Gaillard-Sarron montre l’exemple.
Catherine Gaillard-Sarron, Ex-Slamation, Chamblon, Catherine Gaillard-Sarron, 2024.
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
Ex-slamation
Des poètes qui s’ex-slament, qui clament ce qui va mal…
Slam, slam, slam !
Un rythme qui enflamme
Des poètes qui s’ex-slament
Qui clament ce qui va mal
Qui slament leur vague à l’âme,
Qui le vers musical
Dans les rues dans les trams
Leur poésie déclament
Sans souci du scandale !
Slam, slam, slam !
Et leurs mots qui cavalent
Qui claquent et qu’ils avalent
Qu’ils tirent en rafales
Qui déferlent par lames !
Leurs mots comme des balles
Qui sifflent dans les salles
Leurs mots contre les armes
Tranchants comme des lames !
Slam, slam, slam !
Des poètes qui s’ex-slament
Qui déclarent leur flamme
Qu’on aime ou qu’on diffame
Qui slament ce qui se trame !
Des aèdes hommes ou femmes
Qui s’indignent et s’exclament
Qui dérangent et nous charment
Qui sans fin nous désarment !
Slam, slam, slam !
Des êtres qui réclament
Déclenchent des alarmes
Des êtres qu’on remballe
Que rebelles on proclame !
Des gens tout feu tout flamme
Qui sur le macadam
En dépit du ramdam
Déploient leurs « m-oriflammes »
Slam, slam, slam !
Des phrases qui enflamment
Les esprits et les âmes
Qui sans souci étalent
Magouilles et cabales !
Des mots comme des blâmes
Quand la colère entame
Des mots comme des rames
Pour échapper aux drames !
Slam, slam, slam !
Des rimes qui nous parlent
Qui les abus déballent
Des rimes qui font mal
Qui font monter les larmes !
Des refrains qui brimbalent
Qui la conscience installe
Qui stimulent ou qui calment
Notre cœur ou notre âme !
Slam, slam, slam !
Des poètes qui s’ex-slament
Des poètes qui s’enflamment
Qui manient le sarcasme
L’ironie, le fantasme
Des poètes hommes ou femmes
Qui dénoncent le mal
Qui clament leur vague à l’âme
Qui slament et qu’on acclame !
Slam, slam, slam !
Quelques vers de cristal
Dans un monde immoral
Pour que dans l’idéal
La justice prévale
Quelques vers en cavale
Pour dénoncer l’infâme
Et arrêter ce bal
Où racole le mal.
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
Le verbe et le néant
Il y eut le néant, puis le Verbe…
Et le monde fut créé.
Les choses furent nommées
Et elles existèrent.
Il y a la souffrance, il y a l’indicible…
Et puis la parole pour tout exprimer,
Car l’inexprimable, pour être entendu,
À besoin de mots pour pouvoir se dire
Et c’est en nommant le mal invisible,
Prisonnier des limbes de notre inconscient,
Qu’il peut prendre forme et se révéler,
Car ce mal profond, sans voix et sans nom,
Sous l’action des mots comme d’une magie
Enfin naît au monde et peut exister,
Et parce qu’il existe, il peut donc mourir,
Car ne peut mourir ce qui n’est pas né,
Car ne peut mourir ce qui n’est pas dit.
Il y eut le néant, puis le Verbe…
Et le monde fut créé.
Les choses furent nommées
Et elles disparurent…
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
Mots balises
Des mots comme des outils,
Des mots comme des ferments,
Pour bien forger le monde
Et faire lever l’esprit.
Des mots comme une matière,
Autonome et vivante,
Pour incarner l’idée
Et créer la pensée.
Des mots à repenser
Quand le sens est trahi.
Des mots à inventer
Pour retrouver du sens.
Des mots comme des bagages,
Des mots comme des balises,
Pour ne pas oublier
Et éclairer le monde.
Des mots comme un espoir,
Des mots comme un salut,
Pour pouvoir exprimer
Et toujours exercer
L’immense liberté
Que celle de penser !
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
La fleur du mal
La poésie est une fleur du mal…
Du mal que l’on nous fait.
Elle naît de et dans la souffrance,
À l’abri des regards,
À l’ombre de la solitude.
Elle éclôt lentement,
Difficilement,
Bourgeonnant des années,
Fleurissant rarement,
Et son parfum délicat
Aux senteurs nostalgiques
Exhale la tristesse
Des âmes que l’on brise.
La poésie est une fleur du mal…
Du mal que l’on ressent.
Elle s’épanouit dans le silence
Et dans l’indifférence,
Indicibles frontières
Qui nous isolent les uns des autres,
Mais nous mènent, par ce chemin,
Au plus profond de notre cœur.
Et c’est sur l’autel de notre âme,
Tabernacle de notre sensibilité,
Qu’infiniment baignée
De nos larmes intérieures
Éclos un jour,
Sur le terreau du mal,
La fleur de la poésie.
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
BabyloNet
Comme gronde l’orage en plein cœur de l’été,
Grondent au cœur de l’humain la colère et la haine,
Une haine brutale qui éclate soudain
Et que l’on scénarise, déchaînant les passions.
Une colère inique qui embrase et dévaste,
Enflammant les esprits, perturbant la raison,
Nourrie des émotions jusqu’à l’exaltation,
Conduisant à l’infâme, à l’inhumanité !
Une violence crue, une violence choc,
Rebattue et filmée, vilement mise en scène,
Barbarie exaltée, par tous, encouragée,
Sans fin médiatisée, sans fin rediffusée ;
Une rage sauvage, gratuite, impitoyable,
Propagée par le Net et ses réseaux obscènes,
Modérée et triée par d’obscures entités
Qui agissent dans l’ombre et régissent le monde ;
Un monde où les réseaux, anonymes et haineux,
Influent sur les esprits et poussent à la violence.
Un monde mercantile, décadent, perverti
Qui ment et manipule, mais séduit la doxa !
Comme explose une bombe en plein cœur de la ville,
Explose la fureur dans les cœurs corrompus,
Une violence inouïe, féroce et inhumaine
Qui détruit par plaisir et ne justifie rien ;
Cruauté indicible qui génère la peur,
Muselle les consciences et pourrit l’existence ;
Une folie furieuse qui contamine tout,
Qui excite et déprave dévoyant jusqu’à l’âme.
Chantage et calomnie, lynchage médiatique,
Fake news et propagande, tout est bon pour détruire,
Massacrer son semblable, le pousser au suicide,
En toute impunité, d’un seul clic anonyme.
D’où vient cette fureur ? Cette agressivité ?
Et comment y répondre quand chacun elle entraîne ?
Une haine barbare, indigne et affligeante,
Qui clive et polarise, enchaînant tous les hommes.
Comme gronde l’orage en plein cœur de l’été,
Grondent au cœur de l’humain la colère et la haine,
Un incendie géant nourri par les passions
Que rien ne peut éteindre et qui s’étend sans fin.
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
A l’écoute du monde
Et tels de nouveaux dieux sur un monde sans cieux, ils se veulent parole juste pour le pactole.
Regarde autour de toi,
Regarde ce que l’on voit !
Partout les hommes se font la guerre
Qui draine la misère,
Partout ils briguent le pouvoir
Qui augmente l’avoir !
On ne voit que violence
Et désir de puissance,
Arrogance sauvage,
Injustices et outrages,
Qu’une laide vérité
Pétrie de vanités
Et c’est comme un soleil
Sur le monde ébloui
Que rayonne l’orgueil
Désormais aujourd’hui.
Écoute autour de toi
Écoute ce qu’on entend !
Partout les hommes se crient leur haine
Qui pourtant les enchaîne !
Partout les hommes intriguent et mentent,
Soucieux surtout de belles rentes.
On n’entend que mensonges,
Hypocrisies qui rongent,
On n’entend que chantage
Pour avoir davantage,
Bavardages hideux
Pour intérêts juteux,
Et tels de nouveaux dieux
Sur un monde sans cieux
Ils se veulent parole
Juste pour le pactole.
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
Casino
Dans cette société aux places limitées,
Les données ont changé, le jeu s’est modifié.
Sur le grand tapis vert d’un monde qui se perd,
Sa vie on doit jouer, les dés il faut jeter.
Entrez, entrez M’sieurs Dames !
Entrez dans le grand casino !
Casino du boulot, casino du magot.
Entrez, entrez lancer les dés et prendre votre dû !
Casino des élus, casino des exclus !
T’as joué, t’as perdu, à présent t’es foutu,
Un autre a pris ta place, tu le vois dans la glace.
Pressé et oppressé par d’ignobles croupiers,
On te montre la porte, en toi naît la révolte.
Entrez, entrez M’sieurs Dames !
Entrez dans le grand casino !
Casino des complots, casino des ragots.
Entrez, entrez lancer les dés qui vont vous condamner !
Casino des pistonnés, casino des rejetés !
La blanche défaillance d’un système en partance,
La noire indifférence de nos grandes instances,
Ébranlent nos valeurs, engendrant la rancœur.
Au casino du profit plus personne n’a d’amis !
Entrez, entrez M’sieurs Dames !
Entrez dans le grand casino !
Casino des gogos, casino des salauds !
Entrez, entrez lancer les dés qui vont déterminer
Si dans la société vous pourrez exister !
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
Bonheur sur ordonnance
De l’État Providence à l’état dépendance,
Nous perdons chaque jour un peu d’indépendance ;
Programmés, contrôlés, pas à pas dirigés,
Nous renions, conformistes, nos vœux de liberté.
Asservie par l’argent et par l’économie,
Servie par les médias, les lobbys, la chimie,
La société s’altère et se « mondiabolise »,
Occultant les angoisses générées par la crise !
Boosté par le progrès le monde se transforme,
Laissant sur le carreau des chômeurs par millions,
Des femmes et des hommes voués à l’exclusion,
Déclassés, déprimés, en dehors de la norme.
Des êtres sans espoir, oubliés des nantis,
Sacrifiés sans remords sur l’autel du profit,
Qui n’ont d’alternative pour vaincre le néant
Que les anxiolytiques et les tranquillisants.
Travailleur ou chômeur, malade ou déprimé,
L’être humain, angoissé, est devenu marché !
Une proie vulnérable en recherche d’oubli
Traquée par les pharmas qui méprisent la vie.
Une opportunité qu’ils maximisent à fond,
Imaginant sans fin de nouvelles substances,
Entraînant par milliers dans maintes addictions
Les accros d’un bonheur prescrit sur ordonnance !
Dans notre société surmédicamentée,
La dope ce fléau est dans tous les foyers ;
Dénoncée par les uns, elle enrichit les autres,
Accentuant la fange où déjà tant se vautrent.
Dealers et trafiquants sont dans les officines
Et fournissent Viagra, Prosac et Vicodin !
Drogués légaux sous la tutelle des États
Nous les enrichissons tout en marchant au pas !
Soucieux de bénéfices, plus que de la santé,
Sans autre on nous délivre Xanax et opiacés,
Nous jetant dans les affres d’une accoutumance
À dessein prolongée à grands coups d’ordonnances.
En quête d’un bonheur, d’une extase facile,
Nous sommes les jouets de marchands mercantiles
Qui proposent et procurent moult médicaments
Et transforment en junkies de crédules patients.
Béquilles indispensables à tant de nos semblables,
Partout on encourage et c’est invraisemblable,
Cette consommation folle et irraisonnée,
Proposant chaque jour autant de nouveautés !
Éludant sans remords la cause des pourquoi,
On nous invite, on nous incite à tour de bras,
À oublier, à lâcher prise, à consommer !
Déresponsabilisés, mais fidélisés !
Sans être hors la loi nous pouvons nous droguer,
En toute impunité, toute légalité,
Protégés, assistés jusqu’à l’aliénation
Dans cette société aux allures de prison.
Propositions, incitations diverses !
Addictions, assuétudes, dérives perverses !
La société tranquillise les individus
Et les endort sur les débris d’un monde perdu !
Produits de confort, de fuite ! Produits chimiques !
Or blanc, or jaune ! Des géants pharmaceutiques !
L’humanité, droguée, est sous dépendance,
Sous dépendance du bonheur sur ordonnance !
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
Tu seras un homme ma fille…
Si tu veux vivre libre et arpenter les rues
Sans peur d’être agressée, de jour comme de nuit,
Ne plus te faire siffler ou traiter de morue
Par des mecs que nul ne châtie ;
Si tu veux travailler sans te faire harceler,
Rester célibataire et prendre mille amants,
Si tu veux t’imposer, décider de ta vie,
Délivrée de tout ascendant ;
Si tu veux démonter les murs de ta prison,
Si tu n’acceptes plus de subir la violence,
Si tu refuses enfin toute domination,
Consciente de ton importance ;
Alors pareille aux mâles il te faudra cogner,
Juste pour te défendre, juste pour exister,
Car tu le sais déjà, ils ne changeront pas,
Pour toi c’est prison ou trépas ;
Il te faudra cogner pour te faire respecter,
Sans fin serrer les poings plutôt que de parler,
Pratiquer le baston pour ne pas te soumettre,
Pour éviter de te faire mettre ;
Confrontée aux machos qui te traitent de pute,
Qui ta part féminine à tout jamais amputent,
Il faudra que tu cognes pour protéger ta vie,
Ta survie sera à ce prix ;
Si tu peux tabasser comme un homme te cogne
Et sans plus d’émotion lui rendre coup pour coup,
Si comme lui, tu peux le faire sans vergogne
Puis sans autre aller boire un coup ;
Alors comme les hommes qui arpentent les villes
Qui cognent et injurient en toute impunité
Tu oublieras la femme qu’un jour tu as été,
Tu seras un homme, ma fille…
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
La société de consommation
Dans notre société
De pure consommation
De manière effrénée
Sans fin nous achetons
Et pour posséder plus
Encore nous travaillons
Et nous nous consumons
Sans rien avoir de plus.
Couverts du superflu
Nous avons oublié
Que ce qui compte le plus
Ne peut pas s’acheter
Les choses essentielles
Ne sont pas matérielles
Aucun supermarché
Ne vend cette denrée.
Cessons de consommer,
Nos besoins découvrons.
Sachons nous libérer
De la publicité !
En nous redécouvrons
Le bonheur d’exister !
Les plus belles possessions
Ne sont pas en action,
Avoir et posséder
Sont de fausses idées,
Car nous sommes possédés
Par les lois du marché,
Rackettés, empaquetés,
Par les hypermarchés.
Pressés de consommer,
Tout autant de jeter,
Nous sommes les outils
De la course au profit,
Les complices avertis
D’une infâme gabegie.
Renonçons au gratuit
À être des produits
À cette boulimie
Qui ruine la planète
Cette inepte folie
Qui mène à la défaite ;
Cette fièvre acheteuse
Aux allures de Faucheuse
Qui ravage la terre
Et le ciel et les mers.
Consommation et consommer,
Consommateur et consumer,
Consumérisme et concerner,
Il nous faut payer l’addition
De notre surconsommation !
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
« Ac-corps » perdus
Pour qui ce corps ferme, mince et musclé ?
Ce corps entraîné, dur à l’effort, à l’épreuve,
Ce corps en souffrance, ce corps en errance ?
Pour qui ce corps soigné, épilé, oint, parfumé ?
Ce corps parfait, sain,
Fait pour la caresse, prêt pour la tendresse ?
Pour qui ce corps jeune et vigoureux,
Ce corps instrument,
Ce corps qui transcende le tourment dans la douleur,
Qui expie, par l’effort,
La culpabilité de n’être pas aimé ?
Pour qui ce corps en pénitence ?
Ce corps qui se prépare, se pare et se tend…
Vers un autre qui ne le voit pas ?
Ce corps invisible
Qui se punit de ne pas exister,
De n’être pas choisi,
D’être seul !
Pour qui ce corps en latence ?
Ce corps en suspens ?
Ce corps qui se tord
Dans les affres du sport,
Ce corps qui fond
De sueur et de larmes,
Dans l’attente d’un autre,
D’un authentique ac-corps à corps…
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
Le leader
Où es-tu Seigneur quand chaque camp, Bible ou Coran en avant fait de toi son leader ?
Mon Dieu, qui règnes sur les cieux,
Regarde un peu en bas,
Vois les attentats !
Vois tous les dégâts !
Le monde vole en éclats
Et tu n’es jamais là !
En ton nom, Seigneur,
Derrière quelques apôtres,
Les uns et les autres
S’étripent avec ferveur,
Invoquant ta protection
Avant chacune de leurs actions,
Te brandissant en étendard
Avec leurs armes et leurs poignards.
L’horreur est atteinte,
Dépassée par les plaintes,
Rouge est la terre des hommes
Noir est le cœur des hommes.
En ces temps de haine
Les âmes justes peinent
Il n’y a plus d’humanité
Qu’injustices et hostilités.
Où es-tu Seigneur
Quand chaque camp,
Bible ou Coran en avant
Fait de toi son leader ?
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
Hermeline ou l’enfance assassinée
Dans son visage pâle, ses yeux me font mal,
Trop noirs et trop grands, tels des océans,
Témoins d’une horreur qui ne peut se dire,
Hantés par la peur de tout souvenir,
Pupilles élargies sur la barbarie.
Devant ce regard empli de silence,
Devant ce regard vidé d’espérance,
Face à cet enfant, de tout, innocent,
Qui ne peut plus dire, qui ne peut plus rire,
Comment justifier sans baisser les yeux
Que la guerre vaut mieux que sa vie brisée ?
Sur son visage lisse une larme glisse,
Sur tant d’impuissance face à la violence,
Sur tant d’indécence face à la souffrance
Et mon cœur se brise quand ces regards-là
Faits de lumière grise se posent sur moi !
Ces larmes de sang de tout temps versées,
Ces vies éclatées dans le blé des champs,
Tableaux sanguinaires peints par tant de guerres,
Sont le sacrifice des hommes à la haine
Qui malgré la peine égorgent leurs fils.
Dans son visage pâle ses yeux me font mal,
Trop vides, trop grands, emplis de néant,
Miroirs effrayants de l’aveuglement
D’un monde effarant qui tue ses enfants,
Car plonger nos yeux dans ceux d’Hermeline
C’est y voir en vérité toute l’enfance assassinée !
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
Elle était
Elle était le plus grand et le plus pacifique
De tous les mammifères existant sur la terre
Longtemps elle nous prévint par son chant nostalgique
De ce qu’il adviendrait si elle disparaissait.
Vivant en harmonie au sein des océans
Elle sillonnait les mers de la planète entière
Grégaire ou solitaire, gris bleuté ou à bosses,
Sa mystérieuse voix traversait l’océan.
Elle était le plus grand de tous les mammifères
Se nourrissant de krill et de phytoplancton :
D’infimes organismes en suspension dans l’eau
Pour le plus imposant de tous les animaux.
Mais elle fut pourchassée et puis empoisonnée
Blessée par les bateaux ou les filets de pêche
Sans fin persécutée pour son huile ou sa viande
Pour raisons commerciales ou bien par traditions.
Cette reine n’est plus, massacrée par les hommes,
S’échouant par centaines sur les plages du monde.
Désormais s’est éteint son chant si mystérieux
Laissant à son destin un homme aveugle et sourd.
Elle était le plus grand de tous les mammifères
Voguant majestueuse au cœur des eaux profondes
Mais elle a disparu exterminée par l’homme
Et si l’homme est encore, le temps lui est compté.
Ainsi va la nature où tout est relié,
Le gros et le petit, l’infime et l’infini.
La baleine n’est plus, mais l’homme est en sursis,
Menacé à son tour par de petits virus…
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
N’attendez pas…
On croit toujours avoir le temps,
Le temps de dire à ceux qu’on aime
Combien on les aime vraiment.
On croit toujours avoir le temps,
Mais le temps passe et ils trépassent,
Avant qu’on ait ouvert la bouche,
Avant qu’on ait ouvert son cœur ;
Le temps les efface d’un coup
Nous laissant avec nos remords,
Nous laissant avec nos regrets,
Désemparés face à l’absence,
Soudain conscients que l’existence,
Telle une bulle de savon,
Peut éclater à tout instant
Et nous priver de leur présence.
On croit toujours avoir le temps,
Mais le temps passe et l’on trépasse…
N’attendez pas qu’il soit trop tard
Pour témoigner de votre amour.
Pendant qu’il en est encore temps,
Que la vie pulse dans vos veines,
Dites à tous ceux qui vous sont chers
Ce qu’ils représentent pour vous,
Sans retenue et sans réserve
Exprimez-leur vos sentiments,
Transmettez-leur cette lumière
Qui illumine votre cœur
Afin qu’aux heures les plus sombres
Elle éclaire et guide leurs pas.
N’attendez pas qu’il soit trop tard,
Dites à tous ceux que vous aimez
Combien vous les aimez vraiment.
© Catherine Gaillard-Sarron – Ex-Slamation 2.2024
Un recueil « qui sort de l’ordinaire » par ses textes.
Dans ce recueil d’une grande maturité poétique, il y a des évidences qui ne trompent pas et valent des vérités. Cela vaut bien des compliments ! Catherine, nous offre ce qui vit et vaut la peine avec la joie de vivre debout, avec un rythme du cœur ouvert aux autres. Quête d’unité, jusqu’à toucher le ciel. On devine en ses poèmes, un amour de la vie, de la nature, des êtres vulnérables, de ceux qui n’ont pas de voix pour s’exprimer, pour se défendre.
Dans cet univers du regard et du sentiment, il y a d’une part ce qui gêne, ce qui pèse, ce qui angoisse, et le temps qui use les êtres chers, et d’autre part ce qui libère, ce qui porte en apesanteur, en altitude vers un autre monde de la terre que nous détruisons tous les jours mais qui est encore le nôtre, mais pour combien de temps encore…
J’aime tous les mots que le public ne connaît pas comme le titre Ex-Slamation qui fait son prix !
Autrement dit est-ce le poète qui offre son amour au poème, ou le poème qui fait l’amour au poète ? Sans aucun doute, les deux. Tant est grande la communion entre la parole et le cœur.
Les vrais poètes meurent au combat même quand ils meurent au lit. Ils livrent bataille toute leur vie. Le destin qui s’achève sur une telle victoire ne s’arrête pas là. Il commence pour enflammer et assomme même le sourd avec le rayon secret de l’émotion !
Commentaires Ex-Slamation
“Ex-Slamation”, de l’indignation à l’apaisement”
« Ecologie, féminisme, alcoolisme, monde qui se fait la guerre: les révoltes évoquées par la poétesse sont celles d’aujourd’hui. Elle a cependant la sagesse de ne guère désigner de coupables, si ce n’est peut-être la gent masculine de l’espèce humaine, à l’occasion de quelques poèmes inspirés par un féminisme tout personnel, qui affleure déjà dans plus d’un de ses ouvrages précédents. En la matière, on relève l’originalité de poèmes manifestement inspirés du “Dormeur du Val” d’Arthur Rimbaud (“Désertion”, p. 63) ou de “If” de Rudyard Kipling (“Tu seras un homme ma fille”, p. 68).
C’est sur une impression émerveillée, mais aussi consolée (et l’écriture, plus apaisée, en témoigne aussi formellement), que le lecteur quitte ce recueil qui, dès lors, donne une leçon: il y a un temps pour s’indigner, mais il y a aussi un temps, le meilleur qu’on garde pour la fin, pour s’émerveiller. Et en sa qualité de poétesse, Catherine Gaillard-Sarron montre l’exemple.
Daniel Fattore voir l’entier du billet du 6.4.24