éMERveillement.

CD PoésieRTS 50e mn

La poésie est élément. Elle est irréductible, incorruptible et réfractaire.

Comme la mer, elle dit chaque fois tout ce qu’elle a à dire.

Victor Hugo

éMerveillement

L’amour est une mer dont la femme est la rive. Victor Hugo

Un regard bienveillant, une écriture envoûtante, c’est à un voyage intime et poétique sur les rivages de Frontignan et d’Erquy que nous convie l’auteure au travers de 55 photos et 38 poèmes maritimes, nous livrant avec sensibilité et simplicité au fil des pages, son émerveillement ému devant le spectacle incessant de la mer et de l’océan…

Un voyage émotionnel envoûtant et magique qui vous conduira tout en douceur sur ses plages intérieures et le bord de son âme…

Décembre 2012 – 124 pages et 56 photos
ISBN : 978-2-8399-1147-4

Prix 25 CHF   

Grand-mer

par Catherine Gaillard-Sarron | Voix off Anne Davaud

Le poème suit la cadence et respire avec l’Univers…

La respiration du monde

Semblable au mouvement des vagues qui scandent la chanson du monde, le poème scande les vers de la grande épopée humaine.

Comme les vagues vont et viennent, rythmant l’aria du Vivant, le poème rythme la vie l’ordonnant au travers des rimes.

Pareil Au Grand Ordonnateur qui organise le chaos, le poème ordonne les mots en organisant la pensée.

Soumis au mouvement du monde qui inspire tout le Vivant, le poème suit la cadence et respire avec l’Univers…

Écouter des extrait du CD

éMerveillement

 

Allongée sur la plage au soleil de midi

Octobre me caresse de ses rayons dorés

Un vent léger m’enrobe drapant ma nudité

Effleurant de sa langue la houle qui gémit

Un livre dans les mains je contemple la mer

Qui crépite en silence sous des flots de lumière ;

Elle n’est qu’ondulations, moirures éphémères,

Merveilleuse soierie où scintillent mille pierres

Tour à tour émeraude, saphir ou améthyste,

Elle réfléchit l’azur tel un diamant vivant

Superbe de splendeur dans ces reflets changeants

Se gaussant des joyaux et autres artifices

Sur la plage déserte aux esquisses de sel

Octobre me réchauffe de ses rayons de miel :

Sous mes paupières closes des milliers d’étincelles

Grésillent en silence éclairant mon sommeil

Alors je les entends au fond de ma conscience

Vibrer à l’unisson pour former le vivant

Je les entends pulser ces éclats de conscience

Comme un cerveau unique animer le néant

J’en perçois l’énergie, l’indicible puissance,

J’en décèle l’écho porté par le silence ;

Je suis ces chatoiements et ces oscillations

Qui agitent le vide l’habitant de présence

Je suis ce que je vois, je suis ce que j’entends,

Je suis ce que je sens et ce que je ressens

Je suis scintillement, je suis ondulation,

Je suis toute beauté, je suis cette illusion…

Trouant soudain le temps le cri d’un goéland

Rompt l’émerveillement où baignait mon esprit ;

Chassé par le réel mon rêve s’évanouit

Se mêlant à l’éther dans des reflets d’argent

Reste dans ma mémoire toujours en communion

La trace merveilleuse d’une révélation

Tels ces plans mystérieux sur le bord des rivages

Délivrés par la mer en vue de ce voyage

Nue comme au premier jour j’avance vers les flots

Qui gémissent et blanchissent en mourant sur la grève

Sur la plage déserte où s’écrivent les rêves

Je marche vers la mer et me marie à l’eau…

Tout n’est que mouvement, tout n’est que vibration,

Constante agitation où tout n’est qu’illusion

Où la mort et la vie, alpha et oméga,

Se confondent et se fondent dans un même trépas…

« Grand-mer »

Mer, oh mer,

En dépit de mes cheveux blancs,

De mes rides et de mes blessures,

En dépit des vagues du temps

Qui sans fin plissent ma figure,

Comme un enfant je viens vers toi

Le cœur empli du même émoi.

 

Mer, oh mer,

Car je sais que malgré l’outrage

Du temps qui corrompt mon visage

Malgré la force qui l’ouvrage

À l’image d’un coquillage

Toujours en tes bras millénaires

Je serai un petit enfant…

 

 

Mer originelle

 

Ô mer originelle

Qui la vie enfanta

Me voilà revenue

Entre tes bras liquides

Revenue me couler

En tes eaux caressantes

 

Comme au creux de ma mère

Au temps de ma naissance

Je barbote en ton sein

Vibrant de ton murmure

À l’écoute du chant

Qui façonna le monde

À l’écoute du temps

Qui sans fin le cisèle…

 

Bercée par le roulis

Des vagues frémissantes

Qui la chair et la pierre

Continûment polissent

J’ondule et me dissous

Au cœur de cet amnios

Palpitant de concert

Avec l’éternité…

 

Un petit bout du monde

 

J’ai trouvé un galet sur le bord de la plage

Un tout petit galet posé sur le rivage

J’ai trouvé un galet un matin de septembre

Un beau petit galet sur le sable au ton ambre

Il était rond et vert sur le sable brillant

Étincelant de mer sous le soleil naissant

Je me suis arrêtée sur la plage nacrée

Je me suis arrêtée pour mieux le contempler

Puis je l’ai enlevé à la mer irisée

Enlevé à la mer qui pleurait sous mes pieds

Il était chaud et doux dans le creux de ma main

Incroyablement doux ce galet dans ma main

Je l’ai mis dans ma poche ce petit bout de roche

Tout au fond de ma poche cet enfant de la mer

Je l’ai mis dans ma poche ce petit bout du monde

Tout au fond de ma poche ce fragment d’univers :

Cette portion de terre façonnée par la mer,

Bercée par le ressac, polie par les courants,

Ce précieux gemme vert conçu par le Néant,

Pensé par l’Absolu, porté par les étoiles…

Je l’ai mis dans ma poche ce tout petit caillou

Pour ne pas oublier qu’il porte en lui le Tout

Je l’ai mis dans ma poche pour ne pas oublier

Puis je l’ai oublié tout au fond de ma poche…

Poème lu à la RTS le 8.11.12

« A vrai dire, la mer m’a toujours passionnée et si je n’avais pas été fille je serais marin ! J’ai donc passé de longs moments sur vos photos de la mer, toutes plus belles les unes que les autres, puis, impatiente de découvrir vos poèmes, je les ai dévorés en une soirée.
Vous êtes vraiment très douée et j’ai retrouvé avec joie ces « Plages de mai » et « Grand-mer« , qui m’avaient tant émue à Moudon. Et j’ai « fondu » à la lecture d' »Un petit bout du monde« , qui est un petit chef-d’œuvre aussi. Mais il y en a tant d’autres qui émeuvent par leur musique et ce que vous exprimez…

Tout cela nous change de nos poètes contemporains brumeux, fumeux, abscons, et si peu musiciens…
En vous réitérant ma gratitude, je vous adresse mes bien cordiaux messages. »

Jacqueline Thévoz

Écrivaine et poétesse

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