Poèmes d’été

Poèmes extraits du recueil Notre Dame Nature

On la conserve en pot au fond de nos armoires, petite madeleine au cœur de nos mémoires…

La reine du goût

 

En mousse ou en coulis on la rêve, gourmand,

Sa délicate chair sur la langue fondant ;

On aime son parfum qui imprègne les mains,

Son exquise texture, qui confine au divin ;

 

On apprécie son goût qui rappelle l’enfance :

Cette saveur unique, teintée de transcendance ;

On la conserve en pot au fond de nos armoires,

Petite madeleine, au cœur de nos mémoires.

 

Elle embaume nos vies au petit-déjeuner,

Recouvrant nos tartines, de tendresse sucrée ;

Jusqu’à nos souvenirs elle enchante, magique,

Nappant de sa douceur les instants plus tragiques.

 

Toute ronde et charnue elle aime le soleil

Hochant sa tête rouge, quand se pose une abeille,

Son arôme subtil attirant, mystérieux,

Insectes et promeneurs vers son fruit délicieux.

 

Petite étoile rose émaillant les sentiers

Elle éclaire l’été de sa fugacité,

Laissant entre nos doigts et nos âmes ravies,

Outre sa poésie, un brin de nostalgie.

 

Souveraine des baies, par chacun recherchée,

Sans conteste du goût pour tous elle est la reine !

Aussitôt ramassée aussitôt dégustée

La fraise se savoure et point ne se ramène !

 

 

La chanson de l’été

Une brise légère

Fait ondoyer les blés

Simulant une mer

Aux mouvances dorées

 

Au bord de la forêt,

Caressées par le vent,

Les feuilles doucement

Bruissent sous son archet

 

Tout n’est que vibrations

En ce jour estival

Où criquets et grillons

Ardents mènent le bal

 

En ces heures brûlantes

Où les hommes sommeillent

La nature éclatante

Chante sous le soleil

 

Elle rit dans les vergers

Où murissent les fruits

Danse avec les épis

Frémissant dans les prés

 

À grands coups de pinceaux

Sous le ciel indigo

Elle brosse de l’été

Le tableau safrané

 

Mêlant l’or et le vert

Au lapis-lazuli

Elle éclaire la terre

De ses chauds coloris

 

Embellit les jardins

De bouquets de couleurs

Inondant de senteurs

Le moindre des chemins

 

En ces heures brûlantes

Où les hommes sommeillent

La nature éclatante

Chante sous le soleil

 

S’accordant aux clarines

Qui tintent dans le vent

La campagne badine

Fredonne l’air du temps.

Fusion

Dans l’absolue clarté du ciel

Où ne transite aucun nuage

Mon regard se perd dans le bleu

Qui se confond avec la mer.

Délimitant le ciel et l’eau

Un trait scintille à l’horizon

Fragile frontière argentée

Où glisse un voilier solitaire.

Sur la digue de rochers noirs

Un pêcheur surveille ses lignes,

Il se dessine sur l’azur 

Immobile parmi les pierres.

Les vagues roulent à mes pieds

Me berçant d’un doux clapotis

Auréolant de leur écume

Ma peau brûlante qui frémit.

Un vent aux fragrances marines

Me rafraîchit de son haleine

Et souffle au creux de mon oreille

Le secret qui lie toute chose.

Tout est calme, tranquille,

Je ferme les yeux.

Sur moi le soleil et le bleu du ciel,

En moi le ressac et son mouvement,

Qui rythme mon pouls, ma respiration.

Mon cœur se dilate, mon âme s’éveille.

Je redeviens vague au creux de la mer

Onde frémissante au sein du cosmos

Et je me dissous dans le corps du monde…

Phébus

Lumineux dans le ciel d’hiver

Éclatant dans le ciel d’été

Le soleil darde ses rayons

Sur la terre en toute saison

Invisible au cœur de l’orage

Il resplendit après la pluie

Séchant de ses langues brûlantes

Les arbres, les champs détrempés

Dieu tout-puissant de la planète

Il l’illumine et la réchauffe

Lui apportant cette énergie

Qui la féconde et la fait vivre

De mille feux il étincelle

Indispensable à toute vie

Prodiguant du matin au soir

Lumière et chaleur sur la Terre

Aton, Hélios ou Apollon

De tout temps les hommes l’adorent

Conscients que sans ses rayons d’or

La vie s’éteindrait sur la Terre

Maître des astres et des étoiles

Le soleil est l’âme du monde

Il est l’amant de la nature

Qui s’épanouit sous son regard

Lumineux dans le ciel d’hiver

Éclatant dans le ciel d’été

Il est cet œil omniprésent

Que nul ne peut fixer en face…

Vent d’été

Vent ! Vent !

Qui retrousse les jupes

Et soulève mon âme !

Qui couche dans les champs

Les blés sous tes étreintes !

Ô vent !

Qui fait chanter les feuilles

Et frissonner les eaux !

Qui fait claquer les draps

Sous le ciel indigo !

Que j’aime ta caresse

Sur mon corps languissant,

Ta fraîcheur parfumée

Sur ma peau dénudée.

Ô vent !

Qui la plage éclabousse

De ta vitalité !

Qui chasse les nuages

Sous ton ardeur joyeuse !

Que j’aime ton haleine

Sur mon visage moite,

Ton souffle impétueux

Dans mes cheveux défaits.

Vent, ô vent !

Emporte-moi dans cet élan

Qui fait danser tout le Vivant

Et souffle à mes oreilles

Le secret de ce mouvement…

 

© Catherine Gaillard-Sarron – Poèmes extraits du recueil Notre Dame Nature