La prière d’une mère

Celle de toutes les mères!

 

L’histoire se répète.

Quatre poèmes en souvenir de la « Marche de l’espoir » et des milliers de femmes et de mères juives et palestiniennes qui ont marché pour la paix en octobre 2016 sur la chanson « Prayer of the Mothers » de Yael Deckelbaum.

Rappelez-vous!

19/10/2023 21:38 | ND de la Bidassoa

 

 

Quatre poèmes en hommage à toutes ces mères et ces femmes qui, depuis toujours, se mobilisent et se battent pour la paix avec comme seules armes le cœur et l’amour.

 

La prière d’une mère

Qu’espérer quand la guerre, qui sème la misère, aujourd’hui comme hier rend les hommes si fiers ?

Aujourd’hui sur la terre
Les hommes font la guerre,
Aujourd’hui comme hier
Sans fin croisent le fer,
Mon Dieu que faut-il faire
Pour changer cet enfer ?

 

Aujourd’hui sur la terre
Les femmes désespèrent,
Aujourd’hui comme hier
Se lamentent les mères,
Mon Dieu que faut-il faire
Quand échouent les prières ?

 

Qu’espérer sur la terre
Quand s’entretuent les pères ?
Qu’espérer quand les mères
Leur descendance enterrent ?
Qu’espérer quand la guerre
Qui sème la misère
Aujourd’hui comme hier
Rend les hommes si fiers ?

 

Mon Dieu que faut-il faire
Pour que les femmes espèrent ?
Mon Dieu que faut-il faire
Pour que cesse la guerre ?
Pour qu’enfin dans les cœurs
L’amour chasse la peur
Et que demain rayonne
La paix entre les hommes ?

 

© Catherine Gaillard-Sarron 30.5.10

 

Hermeline ou l’enfance assassinée

Dans son visage pâle, ses yeux me font mal,
Trop noirs et trop grands, tels des océans,
Témoins d’une horreur qui ne peut se dire
Hantés par la peur de tout souvenir
Pupilles élargies sur la barbarie.

 

Devant ce regard empli de silence,
Devant ce regard vidé d’espérance,
Face à cet enfant, de tout, innocent,
Qui ne peut plus dire, qui ne peut plus rire,
Comment justifier sans baisser les yeux
Que la guerre vaut mieux que sa vie brisée ?

 

Sur son visage lisse une larme glisse,
Sur tant d’impuissance face à la violence,
Sur tant d’indécence face à la souffrance
Et mon cœur se brise quand ces regards-là
Faits de lumière grise se posent sur moi !

 

Ces larmes de sang de tout temps versées,
Ces vies éclatées dans le blé des champs,
Tableaux sanguinaires peints par tant de guerres,
Sont le sacrifice des hommes à la haine
Qui malgré la peine égorgent leurs fils.

 

Dans son visage pâle ses yeux me font mal,
Trop vides, trop grands, emplis de néant,
Miroirs effrayants de l’aveuglement
D’un monde effarant qui tue ses enfants,
Car plonger nos yeux dans ceux d’Hermeline
C’est y voir en vérité toute l’enfance assassinée !

 

© Catherine Gaillard-Sarron 4.12.99

Lien poème Hermeline ou l’enfance assassinée

 

La prière du Pardon

 

J’aimerais que ces quelques vers,
Témoins des misères de la guerre,
S’élèvent ainsi qu’une colombe
Et qu’en tous lieux sur la terre
Où la guerre creuse ses tombes,
Ils tiennent lieu de prière
Et fassent naître le pardon.
Pour l’enfant arraché à sa mère,
Pour ses cris aux portes de l’enfer,
Pardon !

 

Pour sa mère entamant son calvaire,
Pour ses larmes de sang brûlant sa chair,
Pardon !
Pour son père, victime et pourtant complice,
Qui impuissant les offre en sacrifice,
Pardon !
Pour le sang répandu sur la terre,
Tapis rouge exigé par les guerres,
Pardon !
Pour les vies que l’on prend sans remords,
Offrandes inutiles à la mort,
Pardon !
Pour l’amour étouffé par la haine,
Écrasé par sa force malsaine,
Pardon !
Pour les cris, les larmes de sang,
La chair meurtrie et la souffrance,
Pour le père, la mère et son enfant,
Pour la haine et l’intolérance,
Doit venir le temps de la réflexion
Doit venir le temps du pardon !

 

© Catherine Gaillard-Sarron 31.03.99

 

Les enfants héritage

Aux enfants du monde entier
Qui naissent dans la pauvreté, déshérités,
Qui vivent dans la misère, affamés,
Qui meurent dans la souffrance, oubliés !
Aux enfants de Bhopal, gazés,
Et ceux de Seveso, empoisonnés,
A ceux de Tchernobyl, irradiés,
A ceux qu’on assassine, sans pitié !

 

Aux enfants de la guerre, cassés, mutilés,
Aux enfants de l’oubli, maltraités, abandonnés,
Aux enfants de la honte, consommés, violés,
Aux enfants de tous pays, exploités !

 

Aux enfants marchandises, aux enfants friandises,
Aux enfants prétextes, aux enfants otages,
Aux enfants alibis, aux enfants chantage,
Victimes innocentes sacrifiées aux coutumes,
Aux religions, aux pays, aux familles,
A l’économie, au profit,
Qui tous, profiteurs ou indifférents,
Piétinent la dignité de ces enfants
Et leur volent leur liberté, leur rêves,
Leur avenir, leur enfance,
Égoïstes et oublieux qu’ils sont
Que ces enfants ne sont pas leur héritage
Mais celui de la vie et de son devenir.
Puisque les hommes de demain
Sont les enfants d’aujourd’hui
Préparons le terrain
Pour une vie meilleure
Effaçons les schémas
Qui répètent l’horreur
Marchons dans d’autres pas
Que ceux de la terreur
Et puisons à leurs cœurs
Et puisons à leurs yeux
Plus vastes que les cieux
Plus vrais que tous les dieux
La vision salutaire
De ce monde meilleur.

 

© Catherine Gaillard-Sarron 19.03.01

Poèmes extraits du recueil Ex-Slamation 2.24

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