Le printemps des poètes & de la Poésie

THAU INFO Le quotidien du Pays de Thau – Frontignan 18 mars 2021

Aujourd’hui Catherine Gaillard-Sarron

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Les poètes luttèrent contre la tyrannie

En éclairant les âmes de leurs vers lumineux,
À tous ils insufflèrent le respect de la Vie
Célébrant la beauté d’un monde merveilleux.

 L’auteure séjourne chaque année avec son mari. Mais le couple vient de Suisse où Catherine est une auteure en vue puisqu’elle a publié de très nombreux et divers ouvrages. Elle est aussi connue par la radio. Elle a donc été souvent l’invitée de Musc’art à chacun de ses passages à Frontignan. Puisque nous passons les textes d’auteurs dans l’ordre de leur réception, c’est Catherine qui nous propose ce jour deux de ses poèmes

 

Le triomphe de la poésie

Pleins de ressentiment pour leurs frères humains

Sont partis les poètes, abandonnant la Terre ;

Assoiffés d’absolu, sans espoir pour demain,

La planète ont quitté pour de vaines chimères.

 

Longtemps ils ont erré au cœur des galaxies,

En quête d’espérance, en quête d’harmonie,

Cherchant dans les Ténèbres où vibrait l’Univers

La trace originelle de l’Insigne Lumière.

Mille constellations leurs yeux ont contemplé,

Découvrant la splendeur de mondes ignorés ;

Mille difficultés ils durent affronter,

Confrontés au néant et à la vacuité.

Au cours de ce voyage, saisissant de beauté,

Un vertige les prit devant l’immensité ;

Ils se sentirent perdus face à cet Infini,

Poussière insignifiante dans ce monde sans vie,

 

Et leur cœur se serra en songeant à la Terre,

Ce monde regretté où sévissait la guerre,

Cette planète bleue qu’ils avaient désertée

Féconde d’une vie précieuse et méprisée.

En dépit de l’éclat des astres étincelants

Et de l’exaltation née de cette odyssée,

S’installa en leur âme un vide sidérant,

Avivant la douleur des racines coupées.

 

Dans l’espace glacé gémissant de silence

Vint la mélancolie infiltrer leur esprit,

Alors tous ils revinrent vers la Terre et la Vie,

Conscients que de leurs vers dépendait l’existence.

 

Les poètes luttèrent contre la tyrannie

En éclairant les âmes de leurs vers lumineux,

À tous ils insufflèrent le respect de la Vie

Célébrant la beauté d’un monde merveilleux.

 

Et vint cet idéal recherché en tous lieux,

Ce rêve inespéré de paix et d’harmonie,

Et vint ce paradis recherché dans les cieux

Où l’amour triompha grâce à la poésie…

© Catherine Gaillard-Sarron – Poème extraits du recueil « Intemporalité » 2017 ».

 

 

L’insaisissable

Fugace instant du regard qui se pose

Qui le temps d’une grâce saisit l’insaisissable,

Traversant la membrane de conscience vivante

Qui sépare les mondes et pourtant les anime.

Indicible durée où le regard se pose,

Durant laquelle on voit, durant laquelle on sent,

Où conscience soi-même s’écarte un peu le voile

Permettant à l’esprit d’en goûter l’ineffable,

D’entendre en soi la source couler dans l’Univers,

D’y approcher son âme pour la désaltérer

Et d’apaiser la soif qui sans fin la tourmente.

Indicible seconde où le regard se fond,

Où le temps d’un éclair il abolit l’espace,

Décousant le présent, franchissant le néant,

Révélant l’invisible dans cette déchirure,

Accordant à l’esprit, tourné vers ce dedans,

D’en saisir la substance et d’en chercher le sens.

Indicible durée où tel un papillon

Se pose le regard sur le bord du réel,

Où ainsi qu’une main emportée par l’élan,

Il perce l’au-delà plongeant dans l’inconnu,

Rapportant de ces lieux visions et intuitions

Que l’esprit inlassable traduira en images.

Car cela ne dure pas, éphémère est la grâce.

De ces instants fugaces, demeure le poème :

Mémoire du voyage vécu par la conscience

Qui captant, réceptive, ce langage hermétique,

A donné sens et forme à ce qui n’en a pas,

Témoignant grâce au verbe de ce monde invisible.

Fugace instant du regard qui se pose

Qui le temps d’une grâce saisit l’insaisissable

Pénétrant la mémoire de l’Essence invisible

Qui toute chose imprègne et toute chose inspire…

 

© Catherine Gaillard-Sarron – Poème extraits du recueil « Intemporalité » 2017 ».