Très cher(es) Femmes !
Texte inédit 17.6.06
Chères, très « cher » femmes! Au nom de la société et de tous les hommes qui ne voient pas la nécessité de financer la maternité et vous tolèrent à peine en son sein, je vous remercie de vos efforts soutenus et de votre engagement à la stérilité.
Après vous le déclin, après nous… la fin !
Merci, merci à vous, chères, très « cher » femmes, de prendre conscience de votre prix et surtout… de celui que vous coûtez à la société !
Merci à vous toutes de comprendre que, loin d’être un atout, votre capacité à procréer est une charge insupportable pour la collectivité.
Aussi, grâce à votre acceptation quasi générale de ne plus enfanter, les assureurs n’ont désormais plus à payer les onéreux frais de vos grossesses et se réjouissent des économies faites sur votre ventre. Ces bénéfices inespérés ont d’ailleurs permis l’émergence d’un viagra révolutionnaire et sa distribution gratuite. Des millions d’hommes vous en sont à jamais reconnaissants !
Pour mémoire, je rappelle qu’en Suisse la grossesse est assimilée à la maladie et que les femmes ont dû attendre 2005, c’est-à-dire plus de 50 ans, pour voir naître, si j’ose dire, une assurance maternité. Entre nous, mesdames, ne fallait-il pas déjà être un peu malade pour persévérer à mettre au monde des enfants dans ce pays ?
Aujourd’hui, les médecins vous félicitent de ne plus « tomber enceinte ». Cette maladie engendrait une telle quantité de complications que l’on peut sans autre lui imputer la plus grande partie de l’exorbitant déficit de l’assurance maladie. Votre décision, contrainte et obtenue par intimidation, il est vrai, de ne plus mettre d’enfant au monde, a permis l’assainissement de ce prestigieux organisme d’état. Votre sacrifice n’aura pas été vain, grâce aux économie réalisées, des dizaines de homes pour personnes âgées ont vu le jour en Suisse et nos aînés n’auront plus à craindre solitude, froid ou canicule.
Les psychiatres et psychologues de tous bords, quant à eux, sont ravis ! L’épargne qui a découlé de cette situation a été phénoménale. Exit le blues postnatal, les dépressions liées aux conflits entre famille et travail, les difficultés d’éducation des enfants, de comportements, les problèmes scolaires, familiaux, de dépendances, de délinquance, etc. Une fois de plus, dans ce domaine comme dans bien d’autres, le principe de précaution s’est révélé efficace : moins d’enfants égale moins de problèmes, c’est évident !
Et puis l’État est heureux et thésaurise à tour de bras. Des femmes sans enfants sont des femmes qui travaillent plus. Donc plus d’impôts et moins d’écoles, moins d’universités, moins d’allocations familiales, moins de crèches, moins de maternités… donc plus d’argent !
Une femme sans enfant c’est aussi moins de privilèges donc adaptation de la retraite à 65 ans voire 70 ans et, par voie de conséquence, une augmentation bienvenue des recettes de l’AVS. De plus, les statistiques sont formelles, ramenée aux mêmes conditions qu’un homme, une femme qui travaille verra sa longévité raccourcie donc économie supplémentaire pour l’Assurance vieillesse.
Quant aux patrons ! Ah ! Les heureux hommes. Terminé pour eux de payer des congés de maternité à des femmes qui ne travaillent pas ! Terminé les interminables congés parentaux avec obligation de réembauche au retour, s’il a lieu ! Terminé les absences répétées concernant des problèmes de crèches ou d’enfants malades et les absences liées à la maternité ! Tout cela est de l’histoire ancienne.
Les entreprises se portent mieux et vos maris, mesdames, n’en sont que mieux rémunérés. Evidemment, en dépit de vos sacrifices, les écarts de salaires se sont encore creusés et vos droits ont diminué mais le monde tourne bien. Le monde tourne très bien. Les bénéfices faramineux affichés par nombre d’entreprises en attestent.
Ainsi, chères, très « cher » femmes, au nom de la société et de tous les hommes qui ne voient pas la nécessité de financer la maternité et vous tolèrent à peine en son sein, je vous remercie de vos efforts soutenus et de votre engagement à la stérilité.
Après vous le déclin, après nous… la fin !
Le ministre des Affaires sociales
© Catherine Gaillard-Sarron 17.06.06