Une recette qui ne réussit pas à tous les coups…

Le braisé d’amour en cocotte

Cette recette conjugale, particulièrement goûteuse et plutôt difficile à réaliser s’adresse à des conjoints confirmés. Mais que cela ne retienne pas les débutants, avec un peu de pratique et un respect scrupuleux des proportions, ces derniers seront à même de réussir cette recette dont le succès leur garantira le respect, la gratitude et l’amour gourmand de leur partenaire.

Difficulté : moyenne à difficile

Temps de réalisation : une vie

Ingrédients : Amour, fidélité, confiance, respect, complicité, communication, empathie, écoute, tendresse, humour, fantaisie, sensualité. La liste n’est pas exhaustive. Vous pouvez faire preuve de créativité.

Coût : inestimable

C’est, dit-on, dans les vieilles marmites qu’on fait la meilleure soupe, pour le couple comme pour la cuisine, l’adage ne saurait mentir.

Pour réaliser cette recette, il faut un homme et une femme dans la fleur de l’âge. Méfiez-vous des fruits trop verts, l’immaturité fait parfois tourner la sauce qui devient vite aigre et immangeable. En outre, l’exubérance et l’impulsivité propres à la jeunesse provoquent souvent des débordements intempestifs qui laissent des traces difficiles à effacer.

Rappelons-le, le braisé doit cuire lentement, une fois le couple saisi par le feu de l’amour, la flamme doit se faire discrète et diffuser régulièrement sa chaleur attentionnée sur des années. Le secret de l’onctuosité d’un braisé, c’est la constance, la patience et la persévérance. Il faut donc surveiller la sauce comme le lait sur le feu. Elle ne doit pas attacher ni déborder, mais lier, dans une alchimie amoureuse, tous les ingrédients pour en faire cette merveille de complicité subtile que vous envieront tous vos invités.

Un couple bien assorti, pondéré, fidèle et raisonnable si ce n’est sage, est un gage d’équilibre et de succès pour la réalisation de cette recette. Le mélange particulier de maturité et de confiance mutuelle est une condition indéniable pour réussir un braisé de qualité.

Pour commencer, il vous faut une grande cocotte. Ne lésinez pas sur le prix et choisissez un matériau solide à fond épais qui conduit bien la chaleur et sur lequel vous pourrez compter. Gardez à l’esprit que cette cocotte doit vous servir toute votre vie.

Après avoir soigneusement préparé tous les ingrédients que vous incorporerez dans l’ordre de la recette, déposez le couple chaud et frémissant sur un lit d’oignons dorés au fond de la cocotte et laissez mijoter à couvert le temps qu’il faudra pour que la sauce développe tous ses arômes. L’expression « être traité aux petits oignons » dont se prévalent de nombreux conjoints, nécessite une surveillance assidue de la cuisson. Pour obtenir ce degré de succulence, cette tendreté moelleuse propre aux braisés des plus grands chefs, vous devrez rester vigilant et toujours garder un œil sur le feu. Rajoutez du liquide si nécessaire.

Le secret, on l’a dit, c’est la sauce. C’est elle qui fait tout. Et quand la magie opère, sachez-le, le plaisir des sens et la jouissance sont au rendez-vous. Vérifiez donc toujours sa texture, sa couleur, son odeur. L’apparence est un indice déterminant. Si la sauce est trop épaisse, elle risque d’adhérer au fond de la cocotte et de mettre en danger le processus de braisage. En ce cas, n’hésitez pas à lui redonner un peu de légèreté en la détendant avec un vin de qualité. Elle gagnera en goût et en nuance et retrouvera sa fluidité. Mais n’en abusez pas, l’excès d’alcool peut gâcher le meilleur des braisés. A contrario si la sauce est trop liquide, incorporez sans tarder quelques poignées de tendresse et de sensualité qui redonneront rapidement de l’épaisseur à la liaison. Par ailleurs, tout au long de la cuisson, veillez à additionner fréquemment la préparation de mesures d’empathie et d’écoute pour maintenir sa stabilité. Souvenez-vous, seul un long mijotage permet au braisé d’amour de se confire et de fondre toutes les saveurs en ce summum conjugal convoité par tous les conjoints du monde.

Vous pouvez naturellement corser le braisé en le saupoudrant d’un soupçon de jalousie, d’un brin de coquetterie. De même, une pincée d’ironie, sans trace de tyrannie, relèvera la fadeur d’un braisé sans saveur. Évitez les raisins de la colère et n’utilisez qu’avec parcimonie les herbes amères. Pour maintenir l’onctuosité recherchée et faire de ce braisé un plat plus raffiné, préférez le miel au fiel et enrichissez-le d’une pointe de séduction qui en avivera la passion. À volonté, parfumez d’extraits de poésie, de bouquets fleuris, de zestes d’humour, de notes sensuelles et érotiques.

Osez la fantaisie en épiçant ce braisé d’amour en cocotte de petits grains de folie, de touches coquines et d’une bonne dose d’exotisme qui donneront à ce plat unique le piquant et l’attrait indispensables à sa pérennité. Enfin, c’est essentiel, remuer souvent, dans tous les sens et sans souci des convenances, ce petit frichti du bonheur !

À déguster en amoureux, sur la terrasse ou au jardin, accompagné d’un verre de vin.

Et n’oubliez pas le céleri qui rend amoureux et le persil qui, en plus de faire joli, donne de la vigueur au lit !

Bon appétit !

 

© Catherine Gaillard-Sarron 9.7.17