Poèmes chamblonnois
Poèmes extraits du recueil « Intemporalité »
Qu’il fait bon flâner à Chamblon parmi les vaches et les moutons.
Comme il fait bon
Au cœur des champs et de la vigne
Qui ondulent sur la colline,
Des bosquets, des sentes fleuries
Et des vergers gorgés de fruits,
Qu’il fait bon flâner à Chamblon
Parmi les vaches et les moutons.
Sur les sentiers bruissant de vie
Où la nature s’épanouit,
Dans la beauté du paysage
Qui invite l’âme au voyage,
Comme il fait bon vivre à Chamblon
Au cœur du temps et des saisons…
La Colline de Chamblon
Sur la colline de Chamblon
Enluminée de champs dorés
La vie s’écoule à l’unisson
Des saisons sans fin déclinées
Dans les bois fleurant le bolet
La morille ou la chanterelle
Le corps s’apaise, l’esprit s’égaie,
Léger comme une tourterelle
Parfois au sein d’une clairière,
Se découpant dans la lumière,
Se tiennent une biche et son faon
Paissant l’herbe en humant le vent
Au gré des chemins et des crêtes
Qui poudroient sous l’astre éclatant
Un paysage époustouflant
Enchante les yeux du poète
Partout la beauté se révèle
Sur le tertre devenu temple
Constellant d’éclats les prunelles
Des bienheureux qui la contemplent
Et quand la nuit étend son dais
Sur la colline de Chamblon
Drapant de mauve les sommets
Qui étincellent à l’horizon
La lune ronde ouvre son œil
Sur le village qui s’endort
Et dans son doux giron accueille
L’âme des vivants et des morts.
Au clair de Chamblon
La lune lève sa paupière
Sur le village de Chamblon
De petits carrés de lumière
Trouent l’obscurité de charbon
Sur l’étang où gémit le saule
Elle se mire dans l’eau sombre
Sous le banc un petit chat miaule
Dissimulé dans la pénombre
La lune lève sa paupière
Sur les monts dominant Chamblon
Nimbant d’argent le Chasseron
D’une douce clarté lunaire
Sous la pâleur de son regard
Les champs blanchissent par segments
Au lointain le faisceau des phares
Perce la nuit de longs traits blancs
Un nuage voile son œil
La lune cligne sa paupière
Privée de sa douce lumière
Soudain la nature est en deuil
Un hibou chante dans le bois
Une corneille se réveille
Dans les maisons les villageois
S’endorment d’un profond sommeil
Scintillant de milliers d’étoiles
Le lac miroite sous son orbe
Un instant resplendit la voile
D’un bateau que la nuit absorbe
La lune baisse sa paupière
Sur le village de Chamblon
Cédant sa place et la lumière
Au soleil et ses doux rayons…
L’hommontagne
Couché sur l’horizon un homme est étendu,
Son corps est immobile on dirait qu’il est mort…
Dans le ciel embrasé par le soleil couchant
Son ventre se dessine aussi rond que les monts,
Ses jambes infinies filant dans le lointain…
Tout en lui est silence, indicible présence,
Son visage est tranquille, étrangement serein,
Et d’où qu’on le regarde on le voit de profil.
Allongé sur la terre depuis des millénaires,
L’homme qu’on dirait mort regarde vers le ciel,
Mais dans ce corps de pierre et ce visage de roche,
Les yeux de pur cristal contemplent le Mystère,
Emplis d’éternité ils voient ce qui n’est plus,
Emplis d’éternité ils voient ce qui sera,
Offrant à mon regard tout ce qui est encore…
Dame fraise
Sur le bord des talus en lisière des bois
Doucement s’épanouit la fraise parfumée,
Sous ses feuilles à l’abri dans sa robe grenat
Silencieuse rougit par le vent caressée.
Son parfum délicat précède sa présence
Embaumant les sous-bois de fragrances fruitées
Et déjà sur la langue, remontant de l’enfance,
Son goût inimitable, nous pousse à la chercher.
Rouge au bord des chemins, elle danse discrète,
S’inclinant joliment quand la salue le vent,
Dans l’écrin des talus odorante et secrète
Se dévoile pourtant au promeneur gourmand.
En silence murit la fraise parfumée
Lustrant son velouté à l’abri des regards,
Louée pour sa beauté et par tous convoitée,
Au poète averti se donne sans retard…
© Catherine Gaillard-Sarron – Poèmes extraits du recueil « Intemporalité » 2017