Ode à la morille

Ode à la morille de Catherine Gaillard-Sarron

Il faut la mériter la précieuse morille
Elle qui débusquée fait briller les pupilles
Déceler son plissé dans l’écrin du printemps
Trésor alvéolé au pied des sapins blancs

Ode à la Morille

À la fin de l’hiver c’est elle la première
À naître de la terre en poussant droite et fière
Quelquefois de sa tête elle perfore la neige
Offrant à l’œil en fête son petit chapeau beige

Il faut la mériter la morille printanière
Qui joyau de nos prés en sertit les lisières
La quêter patiemment sans se soucier du temps
À l’affût de sa robe qui souvent se dérobe

Il faut l’apprivoiser parfois sur des années
En connaître les coins la chercher avec soin
Car et c’est admirable la morille est subtile
N’offrant qu’aux plus habiles son parfum délectable

Les yeux la cherchent brune et la découvrent blonde
Toute gorgée de lune et comme elle bien ronde
Puis ils la cherchent claire et la découvrent sombre
Tapie sous une pierre, invisible dans l’ombre,

Mythique morchella à la tête conique
Qui se fond mimétique dans les bois du Jura
Entraînant derrière elle le temps d’une saison
Les inconditionnels de ce beau champignon

Il faut la mériter la précieuse morille
Elle qui débusquée fait briller les pupilles
Déceler son plissé dans l’écrin du printemps
Trésor alvéolé au pied des sapins blancs

Il faut la mériter la goûteuse morille
Elle qui mitonnée fait chanter les papilles
Et sans fin honorer cette reine des bois
Qui aux plus dévoués offre ce mets de choix.

© Catherine Gaillard-Sarron 12.5.08