Poèmes de saison…
Novembre
Gisante entre les bras de l’automne mourant, la terre se recueille et s’en remet au ciel…
Pas de cris, de bruit, en ce début novembre,
De joie, de soleil en ce jour de Toussaint
Où même le vent plaint la terre qui se meure.
Tout est mélancolie, silence recueilli.
Sur sa couche automnale, livide et languissante,
La nature somnole avant le grand sommeil
Veillée par l’empyrée, à genoux sur la plaine,
Qui couvre sa pudeur de son manteau de brume.
Fatiguée du labeur accompli en son sein
Tout doucement s’endort en ce début d’hiver
Sereine et apaisée sous son voile opalin
En dépit des oiseaux, des arbres endeuillés.
Préparée par novembre ainsi qu’un confesseur
Dévêtue elle va, humblement vers sa fin,
Abandonnant au vent son illustre beauté
Et les dernières feuilles rougissant sa couche.
Gisante entre les bras de l’automne mourant
La terre se recueille et s’en remet au ciel,
Jachère nécessaire à sa résurrection,
Promesse d’un printemps sans fin renouvelé…
© Catherine Gaillard-Sarron
Poème extrait du recueil « Notre Dame Nature » 2015
Mes souvenirs me gèlent
Sur les chemins venteux où je vais solitaire
Mes souvenirs affluent et me glacent le cœur.
Le froid est revenu
Mes souvenirs me gèlent.
En ce jour de Toussaint où même le vent pleure
Je pense à toi maman, couchée sur notre père.
Toi qui l’as tant aimé, toi qui as tant souffert,
Tu reposes à présent avec lui sous la terre.
Novembre est revenu
Mes souvenirs me gèlent.
Est-ce que la mort unit, est-ce que la mort sépare ?
En ce jour de Toussaint où même le vent pleure
Ne reste que la peine née de ce grand départ
Et sur mes joues ces larmes pour réchauffer mon cœur…
© Catherine Gaillard-Sarron
Poème extrait du recueil « Chant d’adieu » 2007
La complainte de la pluie
Crépitement de la pluie
Qui roule sur les toits,
Coule dans les gouttières,
Déborde des gargouilles,
Dévale les chéneaux
En filets monocordes
Et disparaît mouvante
Au fond des caniveaux.
Grésillement de la pluie
Qui frappe les carreaux,
Tambourine sans trêve
Aux portes et aux fenêtres,
Clapote dans les flaques,
Glougloute sur la route,
Dégouline incessante
Le long des murs de briques.
Pétillement de la pluie
Qui heurte les pavés,
Explose en mille bulles
Aux éclats de cristal,
Ravine les chemins,
Imbibe les jardins,
Ruisselle nostalgique
Au cœur des rues désertes.
Complainte de la pluie
Qui tombe sur la ville,
Pénètre les esprits
De son chant lancinant,
Et berce dans la nuit
Où s’égouttent les rêves,
Les vivants et les morts
Entre ses bras humides.
© Catherine Gaillard-Sarron
Poème extrait du recueil « Notre Dame Nature » 2015