Égalité?
L’histoire de la résistance des hommes à l’émancipation des femmes est encore plus instructive que l’histoire de l’émancipation des femmes.
Virginia Woolf.
Hourra ! On célèbre les 20 ans du principe qui prône l’égalité des droits entre femmes et hommes!1
Mais, au fait, de quoi faut-il se réjouir ?
De l’aberrant et fallacieux aphorisme « à travail égal salaire égal » les salaires féminins étant toujours un tiers plus bas que les salaires masculins !
De l’accession fulgurante des femmes en politique ? En Suisse 31 femmes sur 133 hommes et personne ne veut entendre parler de parité !
De leurs libertés ? Elles votent depuis 30 ans seulement et elles ne détiennent toujours pas les clés de leurs ventres !
De leurs réussites professionnelles ! Certes, mais bien que les femmes sortent en plus grand nombre diplômées des universités, combien de plafonds de verres, combien de résistances masculines, combien d’intimidations dans des professions jusque là bastions privilégiés des hommes ? Combien de femmes cadres dans les postes des grandes entreprises, dans les conseils d’administrations, dans les finances, dans l’armée ? Combien de femmes professeures dans les universités, dans les grands hôpitaux, en politique etc… ?
Peut-être alors faut-il se réjouir de la double journée : travail professionnel plus travail domestique ! Là, les proportions s’inversent 1 homme sur 4 aide au ménage !
Du manque de volonté masculine pour faciliter une politique familiale digne de ce nom incluant enfin une assurance maternité digne de ce pays !
Ou peut-être devons-nous nous réjouir de la perte de la rente de veuve ! Ou pour couronner le tout, de devoir travailler jusqu’à 65 ans !
Qu’il est long, qu’il est long le chemin maman !
Et toutes ces iniquités au nom de quoi, réellement, objectivement ? Mystère et boule de gomme n’est-ce pas ?
En tout cas, au vu de ces constatations, ce n’est pas tendres moitiés qu’il faut appeler les femmes, mais bien plutôt pauvres tiers ou pauvres quarts puisqu’elles gagnent généralement un tiers de moins que les hommes, qu’elles ne représentent qu’une femme pour 4 hommes en politique et qu’elles bossent 3 fois plus au boulot comme à la maison.
En définitive la seule égalité patente ce sera bientôt la retraite à 65 ans pour les deux sexes.
En conclusion, une fois de plus, le seul avantage qu’apporte une loi faite par les hommes pour une égalité hommes-femmes est de permettre aux hommes d’exiger des femmes le seul avantage qu’elles possédaient encore, celui de la retraite.
Ainsi neuf mois durant les femmes portent les hommes dans leurs ventres mais c’est toute leur vie qu’elles les ont sur le dos !
© Catherine Gaillard-Sarron 12.06.01
L’homme est sorti des cavernes mais il n’est pas prêt de sortir des casernes...
Ce texte a été écrit le 12 juin 2001 mais les choses n’ont guère évolué en 14 ans hormis que depuis 2012 il y a désormais trois femmes au Conseil Fédéral. Pour le reste, l’écart salarial stagne toujours entre 18 et 30% selon les entreprises, et si les femmes sont toujours aussi nombreuses à sortir diplômées des hautes écoles et des universités, elle sont aussi toujours sous-représentées dans la plupart des secteurs importants de l’économie, de la finance, de la santé, de l’enseignement et de la politique, les hommes occupant majoritairement les postes à responsabilités.
Quant à la répartition des tâches ménagères, le modèle traditionnel à la peau dure et les femmes se tapent toujours la plus grosse part du boulot. La technologie progresse mais pas les mentalités ni les comportements :-(.
Ah si ! on nous prépare un nouveau coup : l’obligation de servir pour les femmes !2
Comme quoi, après nous avoir imposé la retraite à 64 ans et peut-être bientôt l’obligation de servir, on ne peut que constater que cette loi, qu’il faudrait plutôt renommer loi sur la négalité entre femmes et hommes, n’est qu’un outil légal de plus au service des hommes pour contraindre les femmes, sous couvert d’égalité, à renoncer aux seuls avantages qu’on leur concédait encore, alors même que sa principale raison d’être : l’égalité salariale! n’est toujours pas atteinte.
Le processus est en cours et la femme deviendra donc un homme comme les autres. Mais alors, qui fera les enfants? Allez! On nous concoctera bien une petite loi qui rendra la chose obligatoire.
Courage Mesdames ! Après avoir servi votre famille, vos hommes, vos enfants, vos employeurs, vous devrez désormais servir votre patrie et enfanter de bons petits soldats qui, vous pouvez en être sûres, ne sont pas prêts de vous servir…
© Catherine Gaillard-Sarron 24.02.15
1) Depuis 1981, le principe de l’égalité des droits entre femmes et hommes a été intégré dans la Constitution fédérale. En 1988, le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes a été institué. En juillet 1996, la Loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes est entrée en vigueur, loi qui interdit en particulier la discrimination dans le domaine de l’activité rémunérée. La réalisation du principe d’égalité reste toutefois une tâche complexe.
Office fédéral de la statistique
2) En Norvège, depuis le 1er janvier de cette année, les femmes ont l’obligation d’effectuer leur service militaire. Comme les hommes. Ce pays nordique est ainsi la première nation européenne à étendre la conscription aux deux sexes en temps de paix. Une décision prise par le Parlement norvégien «au nom de l’égalité et pour diversifier les compétences au sein de l’armée».
Triste époque que celle où il est plus difficile de briser un préjugé qu’un atome.
Albert Einstein