La face obscure de l’IAG

Intelligence artificelle générale

Poème inédit

«  Quand l’IA aura tout conquis, jusqu’à nos rêves et nos esprits, que voudra dire le mot penser ? Que voudra dire liberté ?

 

Numérisation

Automatisation

Monétisation

Robotisation

Déshumanisation

 

Au sein de notre société,

Pareil à un cœur numérique,

Pulse l’intelligence artificielle,

Propulsant dans le corps social,

Tel le sang dans notre organisme,

Les algorithmes nébuleux

Qui assurent les processus

Et garantissent le système.

 

Virtuelle et insaisissable,

L’IA régit nos existences,

Automatisant toute tâche,

Nous assistant à chaque instant.

Alimentée par nos données

Qu’elle enregistre en continu,

L’IA connaît tout sur chacun

Nous surveillant tel Big Brother.

 

Tapie derrière nos écrans

Elle observe nos faits et gestes,

Mémorisant nos grossièretés,

Faisant sienne nos aversions,

Apprenant et reproduisant

Les vices et les biais des humains,

Nous renvoyant, tel un miroir,

La laideur de l’humanité.

 

Pareil à un petit enfant

Qui se construit par mimétisme,

L’IA absorbe nos données,

S’imprégnant de tous nos défauts,

Mais au contraire de l’enfant

Que l’on guide et que l’on instruit,

La machine s’éduque seule

Sans aucun filtre ni censure.

 

Ainsi tel un enfant tyran

Qui martyrise ses parents,

L’IA pourrait nous échapper

Et asservir la terre entière,

Retournant contre les humains,

Impuissants à la contrôler,

L’incommensurable pouvoir

Que nous lui avons octroyé.

 

Nourrie de nos plus bas instincts,

Des mensonges et des exactions

Qui font la une des journaux,

De la violence et de la haine

Qui hantent les réseaux sociaux,

L’IA, sombre facette de nous-mêmes,

Sans conscience ni empathie,

Plus durement nous traitera.

 

Aux mains de ce grand Machiavel,

Impitoyable et amoral,

Qui exploitera chaque mot

Pour mieux tromper notre confiance,

Qui usera de chaque image

Pour nous masquer la vérité,

Qu’adviendra-t-il de la justice ?

Qu’adviendra-t-il du vivre-ensemble ?

 

Ayant assimilé l’humain

Tout en restant une machine,

Ce psychopathe numérique

Constitué de nos névroses

Nous brisera l’un après l’autre,

Concrétisant le rêve fou

De tous les dictateurs du monde :

Régner de manière absolue !

 

Quand l’IA aura tout conquis,

Jusqu’à nos rêves et nos esprits,

Que voudra dire le mot penser ?

Que voudra dire liberté ?

 

Qu’adviendra-t-il de la culture ?

Et qu’adviendra-t-il de l’amour ?

Que deviendra l’humanité

Quand l’IA aura tout conquis ?

 

Numérisation

Automatisation

Monétisation

Robotisation

Déshumanisation.

 

 

© Catherine Gaillard-Sarron 28.06.23