Interview 128e Musc’art – 30 mars 2023

Gazette Frontignan la Peyrade –  Pierre Mamier

Catherine Gaillard-Sarron : de Suisse, mais très proche!

Catherine Gaillard-Sarron, Sète mars 2023

Cette grande dame distinguée est à elle seule une écrivaine en action permanente, une blogueuse, une maison d’édition avec toutes les tâches qui lui incombent et qu’elle maîtrise parfaitement.

Catherine Gaillard-Sarron interviewée le 30.3.23 par Angela Mamier 

 

Catherine Gaillard-Sarron nous est arrivée de Suisse il y a onze ans et elle nous revient, plus fidèle que jamais à ses attaches de cœur vicoises, frontignanaises et sètoises qu’elle revit chaque année avec nous. Cette grande dame distinguée est à elle seule une écrivaine en action permanente, une blogueuse, une maison d’édition avec toutes les tâches qui lui incombent et qu’elle maîtrise parfaitement.

Auteure de presque quarante livres touchant à tous les genres possibles, romans, poésie, livres pour enfants, livres scolaires…. Catherine a une place de choix parmi les auteurs qui comptent en Suisse où on peut même l’entendre à la radio.

C’est dire toute la passion qui anime cette femme qui consacre sa vie, son temps et son énergie à son art. Invitée de Musc’art pratiquement chaque année depuis 2012 – quand Luigi tenait restaurant rue Saint-Paul !- elle répond cette année aux questions d’Angela Mamier, qui la tient en haute estime, des questions « en ligne », n’ayant pas pu être présente cette année, auxquelles elle répond avec une précision et une clarté qui la rendent encore plus proche de ceux qui cherchent à mieux connaître l’univers d’un écrivain.

Catherine dévoile et se dévoile à travers ses confidences pour notre plus grand bonheur et nous époustoufle d’autant de talents mis en action chaque jour chez elle.

Lisons, admirons, applaudissons cette grande dame de la littérature, qui honore Frontignan et Musc’art de l’avoir connue.

1. Quel est votre moment favori pour écrire?

Je n’ai pas de moment favori pour écrire. Cela dépend du projet en cours ; si je suis en vacances ou la maison. En vacances j’ai l’esprit plus libre. Je mets davantage les tâches administratives en veilleuse et cela me libère du temps pour l’écriture. Je peux donc écrire en grande partie dans la journée.

À la maison, j’écris plutôt en début de soirée, parfois la nuit si je suis bien inspirée, lorsque j’ai effectué une partie du travail inhérent à ma petite entreprise. Travail qui n’est jamais terminé et toujours à recommencer : mise à jour du site internet, création des articles, des pages des livres, suivi de la boutique, composition des livres, mise en page, couverture, relectures, corrections, etc. Tout cela nécessite beaucoup d’efforts, de temps, d’énergie et finalement en laisse peu pour la création proprement dite.

J’ai besoin de tranquillité d’esprit et de calme pour me concentrer et entrer dans mon travail. La nuit m’offre cet espace paisible et silencieux propice à la création. Un espace où je me sens bien, libre et dégagée, pour quelques heures, des obligations quotidiennes et de celles relatives à mon travail d’édition que je ne peux déléguer à personne puisque je suis autoéditrice de mes ouvrages.

2.  Qu’est-ce qui déclenche la transition de la poésie à la prose?

Cela se fait naturellement. Je ne choisis pas vraiment. Les choses viennent toutes seules, d’elles-mêmes. Je suppose que j’ai besoin de la poésie pour recharger mes batteries, pour me relier à mes émotions et me ressourcer. C’est une façon de dynamiser mon travail, de le régénérer. La poésie nourrit ma prose, pas l’inverse. Elle libère des émotions vraies qui m’aident à me connecter au plus près de mon âme. Une authenticité que je cultive en pratiquant l’introspection et en contemplant la nature qui m’entoure.

La poésie, la beauté sont pour moi des contrepoids à la laideur du monde. C’est grâce à la lumière de la poésie que je peux, sans m’y perdre, explorer la part sombre de l’humanité dans ma prose. Elle est le flambeau qui m’éclaire dans l’obscurité et me permet d’avancer. J’ai besoin des deux pour garder mon équilibre.

Il reste la beauté

Quand le cœur est amer

Et l’âme nostalgique

Quand tout autour de soi

Le monde devient fou

Quand la vie semble vaine

Que se meurt l’espérance

Il reste la beauté

Qui ravit le regard

L’incroyable beauté

Qui transcende la peine

Il reste la beauté

L’ineffable beauté

Qui apaise le cœur

Et guérit jusqu’à l’âme.

© Catherine Gaillard-Sarron 2.9.21

 

L’équilibriste

Pareil au funambule qui marche sur son fil

Il ouvre grands les yeux sur le vide du monde,

En dépit de l’abîme qui s’étend sous ses pieds,

Il choisit d’avancer, ignorant le néant.

Il va tout doucement, les yeux face au Mystère,

Au-dessus de ses peurs et des horreurs du monde

Conscient que pour survivre il doit les dépasser

Et transcender le vide pour garder l’équilibre.

© Catherine Gaillard-Sarron 20.10.2004

Conscience

Je ne suis rien

Mais j’ai conscience de tout,

Je ne sais rien

Mais j’ai accès à tout,

Je ne peux rien

Mais je suis complice de tout,

Comment être si peu

Quand tout vous condamne à être tant !

© Catherine Gaillard-Sarron 3.01.2002

3. Que glissez-vous de vous-même dans vos livres?

Question intéressante. J’aime à dire que je suis dans toutes mes histoires mais dans aucune en particulier. Il est vrai que je ne raconte rien sur moi dans mes livres, mais mes sentiments et mes émotions sont forcément à l’œuvre dans mes œuvres ! Et c’est normal ! Mes personnages portent mes valeurs, mes craintes, mes joies et mes espérances, mes rêves et mes cauchemars. Comme moi, ils sont humains avec le spectre complet des émotions positives et négatives que cela implique. Ils décrivent ma vision du monde et donc me ressemblent probablement. Comme dans les rêves, je suis un peu dans tous les personnages que je crée. Mais peut-être aurez-vous une image plus précise de qui je suis si vous lisez tous mes livres ! 🙂

L’écriture un est puzzle dans lequel se dissimule l’auteur. Encore faut-il avoir toutes les pièces !

4.  Cet intérêt pour notre région vous caractérise, vous êtes parmi nos invités d’honneur à Musc’art, pour quelles raisons? 

Parce que j’aime votre région. Et que j’adore la mer autant que la montagne où, avec mon mari, nous passons tous nos étés. Jusqu’à l’âge de 18 ans, j’ai passé toutes mes vacances d’été à Frontignan plage. Avec mes parents et mes neuf frères et sœurs, nous avons planté nos tentes durant de nombreuses années au camping du Front de mer. Auparavant, nous avons connu la période fantastique du camping sauvage dans les années soixante, septante. Mon attirance pour l’endroit ne s’est toujours pas démentie puisque nous revenons régulièrement en vacances à Frontignan, Sète ou Palavas. J’ai également de la famille à Mauguio et Vic la Gardiole.

C’est par Luigi Sintoni qui tenait un restaurant à Frontignan que j’ai connu Angela et son rendez-vous littéraire mensuel « Musc’art » en 2012. Une amitié et une collaboration qui ne se démentent pas et durent maintenant depuis plus de dix ans.

Voir le poème « Réminiscences estivales » écrit pendant mon séjour.

5.  Si vous deviez partir sur une île déserte quelle chose emporteriez-vous?

Mon ordinateur, ou du papier et des stylos s’il n’y a pas d’électricité. Et mes lunettes ! Écrire est un besoin et une force qui me donnent de l’énergie et m’aident à vivre.

6.  Qu’est-ce qui se trouve sur votre bureau à cet instant?

Mon clavier d’ordinateur, mon écran, mon PC, ma souris et son tapis. Des notes en cours, un carnet noir où je consigne des idées, mon Tél. portable. Un thermos de tisane, des livres importants que je dois relire pour mon prochain roman. Les photos de ma maman, de mon mari, de mes enfants et petits-enfants. Un disque dur pour mes sauvegardes, des stylos et des feuilles sur lesquelles j’inscris toutes les choses que je dois accomplir. Et des piles de dossiers en attente.

7.  Combien de livres avez-vous écrits? Où peut-on les trouver?

J’ai écrit plus de trente livres dont « La Sirène de Montsalvens  », mon dernier ouvrage. Un roman policier qui se déroule en Gruyère dans le canton de Fribourg en Suisse.

« Avec “La Sirène de Montsalvens”, Catherine Gaillard-Sarron signe un roman policier atypique aux ambiances d’automne, entre soleil et pluie, entre amour et mort. Celles-ci sont encore soutenues par une écriture fluide et sobre qui va à l’essentiel pour dire le drame et la rédemption. » D. Fattore 7.11.22

Lire le billet de Daniel Fattore  

Mes ouvrages sont disponibles dans plusieurs bibliothèques suisses et à Maîche dont je suis native.

On peut les commander via ma boutique sur le site www.catherine-gaillardsarron.ch, directement par mail ou sur Librinova et plus de 200 librairies en ligne dont Amazon et Payot car la plupart de mes livres sont disponibles en livres électroniques.

8.  Quels sont les thèmes et les sujets que vous aimez aborder?

L’amour, la nature, la justice, le féminisme, le couple, les interactions entre les hommes et les femmes et les relations entre les êtres humains d’une manière générale ; les inégalités, les problèmes de société, les faits divers, le quotidien car c’est là que se déroule la vie avec tout ce qu’elle implique d’émotions, de sentiments et de psychologie.

9.  Écrire c’est un métier, un sacrifice?

C’est une passion ! Mais c’est aussi un métier lorsque, comme moi, on décide de devenir autoéditrice, car il faut maîtriser moult aspects techniques et administratifs qui nécessitent de nombreuses compétences.

Ce n’est jamais un sacrifice. Il m’arrive cependant de me demander parfois si le jeu en vaut la chandelle… Si j’ai raison de consacrer tout mon temps et mon énergie à cette passion. Mais cela ne dure pas 😉 !

10.  Que signifie (en 2-3 mots) poésie, femme, homme, enfant, peinture, devoir, passion, fidélité, musique, souvenir, enfance.

La poésie est le langage de l’âme. Son rôle est de faire passer l’émotion entre les êtres et de les relier par le cœur. Elle est le pouls du monde. Une vibration qui élève les âmes et les esprits et les unit dans une même conscience.

La Femme est un être sensible, intuitif et courageux qui seul peut donner la vie. Elle aime de manière inconditionnelle et recherche la paix et l’harmonie. Elle est la gardienne des traditions et tisse le filet relationnel qui maintient les individus ensemble.

L’homme est également un être sensible mais qui se méfie des femmes. Comme Ulysse attaché au mât de sa virilité, il est attiré par elles mais les maintient à distance car il craint de s’engager et de perdre sa puissance. Cette méfiance, culturelle avant tout, fait de lui un oppresseur qui préfère le pouvoir et la gloire à l’amour et le pousse à guerroyer sans cesse afin de s’en prémunir.

L’enfant est notre descendance, le renouveau, le changement. Il est le fruit de l’amour. Il est le meilleur de nous, l’espoir et l’avenir.

La peinture comme la poésie est un art et un moyen d’expression. Elle parle au cœur et dit avec des couleurs et des formes ce que la poésie dit avec des mots.

Le devoir implique des responsabilités mais aussi des droits. Il représente une obligation définie par un système moral auquel on adhère ou pas et que l’on applique dans sa vie.

Passion, elle peut être destructrice mais aussi créatrice. L’écriture est ma passion. C’est elle qui me tient debout ; qui me donne, avec l’amour, l’énergie et la force dont j’ai besoin pour vivre.

Fidélité, elle se caractérise par une confiance sans faille, de la constance dans les sentiments, du respect, de la communication et de la complicité. « La durée porte des valeurs que l’éphémère ignorera toujours », cette phrase de Françoise Verni résume l’essentiel.

Musique, comme la poésie et la peinture, la musique est un art et un moyen d’expression qui parle au cœur à travers les notes. Elle nourrit l’âme et apaise le corps. Elle pacifie l’univers.

Souvenir, il est bon d’avoir des souvenirs qui nous aident à vivre en nous permettant de revivre des instants vécus. Mais il n’est pas bon de s’enfermer dans les souvenirs en se tournant uniquement vers le passé. Le souvenir n’a pas d’avenir. Il vit dans notre mémoire quand nous existons dans le présent.

« Ce temps qui passe et nous efface

Ne nous laissant que la mémoire,

Ce témoin fragile et instable

Qui seul atteste du passé

Et prouve grâce aux souvenirs

Qu’un jour nous avons existé… »

© La ligne du temps 2020 – Extrait du poème « Entre nos doigts »

Enfance, elle est l’innocence et l’insouciance. Le berceau de tous les rêves. Parfois le tombeau. Elle est l’imagination en action. L’humanité en devenir.

« Puisque les hommes de demain

Sont les enfants d’aujourd’hui

Préparons le terrain

Pour une vie meilleure

Effaçons les schémas

Qui répètent l’horreur

Marchons dans d’autres pas

Que ceux de la terreur

Et puisons à leurs cœurs

Et puisons à leurs yeux

Plus vastes que les cieux

Plus vrais que tous les dieux

La vision salutaire

De ce monde meilleur. » 

© Catherine Gaillard-Sarron 19.3.01

Extrait du poème « Les enfants héritage »

11.  Des projets d’avenir?

Plein ! Un livre de poésies pour enfants dont le titre n’est pas encore arrêté. Un recueil de poèmes qui s’intitule « Ex-slamation » et regroupe tous les textes que j’ai écrits en lien avec la société depuis vingt ans, en particulier « La société de consommation », poème qui figure désormais dans le livre de Français 3e Prépa-métiers paru le 24 mars 2023 et publié par hachette Éducation.

Un roman intitulé « Révélation » dont le sujet retrace l’histoire de la condition féminine. Une histoire racontée par deux hommes aux sensibilités différentes qui tombent finalement amoureux l’un de l’autre. J’ai également deux recueils de nouvelles contemporaines et fantastiques en cours. Peut-être un autre polar. Pas de quoi m’ennuyer et surtout pas de temps à perdre !

 

Voir le poème « La société de consommation »

Lien sur le manuel Français 3e Prépa-métiers