Féminicide! Pourquoi tant de haine?
Poème inédit
Des mâles qui s’acharnent sur leurs ex-conjointes, dilacérant leurs corps dans un accès de rage, qui pareils aux mafieux qui liquident les traîtres, exécutent leurs femmes quand elles les abandonnent.
Féminicide
Étendue sur le sol
De la salle à manger,
Ses yeux sont grands ouverts
Sur une horreur sans nom,
Au-delà de la mort
Ils fixent l’assassin,
Son conjoint de toujours,
Le père de son enfant.
Elle gît sur le sol,
Criblée de coups de couteau,
De longs filets de sang
S’écoulent de ses plaies.
Sanglant à son côté
Le couteau meurtrier
Qui plus de trente fois
S’est abattu sur elle.
Corps désarticulé
Par la violence aveugle,
Baignant dans une mare
Aux couleurs assassines,
Elle n’est plus que reliefs
D’un prédateur cruel
Qui une fois repu
Abandonne sa proie.
Plus de cris ni d’insultes
Dans la pièce en désordre,
Mais des pleurs étouffés
Derrière le sofa.
Les pleurs d’une enfant
Devant l’inconcevable
Une enfant qui a vu
Son père tuer sa mère.
Un père irresponsable
Qui lâche s’est enfui
Après avoir détruit
Et sa femme et sa fille.
Un homme convaincu
De sa suprématie,
Qui égorge et poignarde
Pour se faire respecter.
Un homme parmi d’autres
Qui use de violence,
Par peur de l’abandon,
Peur de ses émotions ;
Un homme vulnérable
Qui masque ses faiblesses,
Cache son impuissance
En cognant à tout va.
Un homme parmi d’autres,
Parmi des milliers d’autres,
Des mâles tout-puissants
Imbus de leur pouvoir
Qui se vengent et tabassent
Leurs femmes et leurs compagnes
Face à leur résistance
Ou la séparation.
Des mâles qui s’acharnent
Sur leurs ex-conjointes,
Dilacérant leurs corps
Dans un accès de rage,
Qui pareils aux mafieux
Qui liquident les traîtres
Exécutent leurs femmes
Quand elles les abandonnent.
Des femmes sacrifiées,
Au sexisme, au machisme,
Des femmes abandonnées,
À la fureur des hommes ;
Des femmes et des enfants
Dont nul ne se soucie,
Et qui malgré leurs plaintes
Finissent assassinés.
Des meurtres de sang-froid,
Des meurtres de sang-chaud,
Parce qu’aujourd’hui encore
Une femme n’est rien,
Parce qu’aujourd’hui encore
Nul n’entend sa parole,
La privant du soutien
Qui sauverait sa vie.
Des crimes abominables,
Des crimes inexcusables,
Parce qu’aujourd’hui encore
Une femme n’est rien,
Qu’un bien, un mobilier
Que l’homme s’approprie,
Et qu’il peut massacrer
Lorsqu’elle veut le quitter.
© Catherine Gaillard-Sarron 23.8.25
Poème inédit à paraître dans La face cachée du monde – Parution fin 2025
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