celle qui parle
Poème inédit
Qu’elle parle ou qu’elle se taise n’avait pas d’importance, la seule chose qui comptait était qu’elle les servait !
Elle parle, elle parle,
Elle dit sa vie, son quotidien,
Elle dit ce qu’elle aime et ce qu’elle n’aime pas,
Les corvées à faire et les repas,
Ce qu’elle a vu, ce qu’elle a lu,
Ce qu’on lui a fait, ce qui l’a émue ;
Elle dit ses joies et ses chagrins,
Elle parle, elle parle,
De toutes ces choses qui font sa vie,
De toutes ces choses qui sont la vie…
Mais ils ne l’entendent pas
Ils ne lui répondent pas
Ils ne la voient pas
Pis…
Ils la regardent exaspérés
Et lui disent de se taire….
Tais-toi ! Tais-toi !
Répètent-ils à l’envi
On veut manger tranquille
On veut penser tranquille
On veut dormir tranquille
Elle les fatigue
Elle les assomme
Elle le voit dans leurs yeux…
Alors elle s’interroge
À quoi sert-elle ?
À qui sert-elle ?
Pourquoi sert-elle ?
Qui est-elle ?
Elle ne parle plus, de ce qu’elle a fait,
Elle ne parle plus, de ce qu’on lui fait,
Elle se tait !
Désormais
Ils peuvent manger tranquille
Ils peuvent penser tranquille
Ils peuvent dormir tranquille
Mais elle les fatigue encore
Elle les assomme encore
Elle le voit dans leurs yeux…
Pis…
Ils la regardent exaspérés
Et lui disent leur ennui….
Tu ne dis jamais rien !
Répètent-ils à l’envi…
Alors elle a compris
Et a claqué la porte,
Emportant la parole
Comme unique bagage.
Redevenue elle-même
Elle a pu reparler
De tout et puis de rien
De ce qui fait la vie.
Qu’elle parle ou qu’elle se taise
N’avait pas d’importance
La seule chose qui comptait
Était qu’elle les servait !
Désormais
Ils ne peuvent plus manger tranquille
Ils ne peuvent plus penser tranquille
Ils ne peuvent plus dormir tranquille
Elle n’est plus là pour les servir…
Et avec la parole… s’est envolé le dialogue !
Depuis, ils parlent, ils parlent…
Mais ils ne s’entendent plus !
© Catherine-Gaillard-Sarron 16.06.04