Poésie hivernale
Poèmes extraits du recueil Notre Dame Nature
La complainte des arbres
Les arbres nus bruissent en silence…
Serrés, tremblants,
Transis sous le vent qui les cingle
Les arbres nus bruissent en silence
Dans le froid mordant de janvier
Sur leurs bois noirs et desséchés
Quelques corneilles querelleuses
Se pressent couvrant de leurs cris
Leur complainte mélancolique
Ils se profilent sur le ciel,
Dans le soir pourpre et flamboyant,
Chaque ramille exactement
Se découpant sur l’horizon
Serrés, tremblants,
Envahis par les corvidés
Les arbres nus bruissent en silence,
Soumis aux rigueurs de l’hiver.
Les poumons de la terre
En lien avec tout ce qui vit, j’entends les arbres respirer…
Dépouillés par l’hiver
Les arbres se dessinent au cœur du macrocosme
Nus, noirs, racines en terre et branches au ciel
Ils semblent palpiter au cœur de la nature.
Comme esquissés au crayon gris
Ils se découpent sur l’azur,
Tel un réseau veineux.
Et je discerne en transparence
L’artère du tronc,
Les veines branches,
Et les milliers de capillaires
Constitués par les ramilles.
J’entends les arbres respirer,
Je sens leur souffle sur mon âme
M’éveiller à leur importance.
Je perçois l’énergie qu’ils tirent de la terre,
Cette force indicible qui les maintient debout ;
Je vois leurs corps secs et noueux
Se dilater sous la pression,
L’écorce gonflée sous l’afflux
Se lisser perceptiblement…
En lien avec tout ce qui vit
J’entends les arbres respirer,
Leurs bronchioles ouvertes à tous vents
Tournées vers le Souffle premier
Interagir avec l’espace
Et oxygéner la planète…
Saison morte
L’oiseau ne chante plus. Sur la terre gelée tout semble prisonnier…
Le ciel est gris,
La terre est grise,
La neige tombe,
Tout est gris, triste.
L’oiseau ne chante plus.
Sur la terre gelée
Tout semble prisonnier.
L’eau ne coule plus,
Le gel l’a pétrifiée.
Tout est glacé, suspendu.
Dans le froid de l’hiver
Pareils à des bras noirs
Se tendent vers le ciel
Les arbres racornis.
De leurs mains calcinées
Ils implorent, ils supplient
Que revienne la joie
Et remonte la sève
Que recoulent les eaux
Et rechante l’oiseau
Car il ne chante plus,
Sous la terre gelée
La vie est prisonnière
Et son chant avec elle
Depuis s’est arrêté…
© Catherine Gaillard-Sarron
Poème extrait du recueil « Notre Dame Nature » 2015