Parole duale
Poème inédit
La parole est un glaive qui sauve ou qui condamne, une lame tranchante que manient sages et fous…
Parole duale
Elle est parfois d’argent,
Quelques fois elle est d’or,
Le plus souvent de bois,
Muette ou confisquée.
La parole est une arme
Dont le tranchant est double,
Une arme défensive,
Une arme destructive,
Qui tour à tour éduque,
Réconforte et élève,
Ou abaisse et dévaste,
Enferme et stigmatise.
La parole est vivante
Et fait feu de tout bois,
Se nourrissant d’amour
Tout autant que de haine,
Clamant la vérité
Autant que le mensonge,
Apaisante ou sournoise,
Mais constamment duale.
Elle est un instrument
Qui attise les foules,
Rassérénant les uns
Fanatisant les autres.
La parole est pouvoir
Que l’on donne ou détourne,
Que l’on vole ou s’octroie,
Que l’on prend ou retire.
Un symbole puissant
Que s’adjugent les hommes
Le déniant aux femmes
Qu’ils somment de se taire.
La parole est un glaive
Qui sauve ou qui condamne,
Une lame tranchante
Que manient sages et fous,
Un outil hypocrite
Un outil politique
Qui influe la pensée
Et jusqu’aux sentiments,
Un outil dangereux
Qui façonne le monde,
Générant la lumière
Autant que les ténèbres.
Mais la parole est don
Quand elle valorise,
Défend les opprimés
Et ennoblit les âmes.
Quand face à l’ignorance
Elle éclaire et instruit,
Guérissant les blessures
Nées de l’obscurantisme.
Quand face à la souffrance,
À toutes iniquités,
Elle libère les cœurs,
Et délivre l’esprit.
La parole est une arme
Qui crée et qui détruit,
Qui nomme l’innommable,
Et nomme la beauté,
Qui crée de l’harmonie
Et crée la barbarie,
Qui les fait exister
Juste en les dénommant.
La parole est une arme,
La parole est un acte,
Qui engendre la paix
Et engendre la guerre.
Elle est parfois d’argent,
Quelques fois elle est d’or,
Mais engage toujours
Celui qui la proclame.
© Catherine Gaillard-Sarron 9.10.25
Poème inédit à paraître dans La face cachée du monde – Parution fin 2025