Bâillon numérique

 

Poème inédit

Nosferatu* terrés dans les failles du Net, ils surveillent les femmes à travers leurs écrans, les mordant à la gorge aussitôt qu’elles s’expriment.

 

Les « Nosferatu » du Net

 

Venimeux arachnides

Dont la toile est le Net,

Ils espionnent leurs proies

À travers leurs écrans,

Attendant patiemment

D’y enfoncer leurs crocs.

 

Tapis dans leur tanière,

Toxiques et malveillants,

Ils choisissent des femmes

Vulnérables ou célèbres,

Profitant du réseau

Pour violer leurs systèmes.

 

Ils agissent dans l’ombre,

Motivés par la haine,

Sanctionnant leurs actions

Et leur indépendance,

Misogynes et unis

Dans leur désir de nuire.

 

Jaloux de leurs succès,

Féroces ils les poursuivent

Sur les réseaux sociaux,

Agressifs et mauvais,

Masquant sous leurs attaques

Leur propre insignifiance.

 

Sans fin ils les menacent,

Les traquent et les insultent,

Soulageant leurs pulsions,

Vengeant leurs frustrations,

Révélant par ces actes

Leur infériorité.

 

Leur beauté les dérange

Leur talent les dérange

Leur présence dérange,

Alors ils les harcèlent,

Détruisant chez ces femmes

L’assurance qu’ils n’ont pas.

 

En toute impunité,

Protégés par le Net,

Ils les chassent et les trollent,

Anonymes et violents,

Les expulsant du monde

Virtuel et réel.

 

Inquisition en ligne,

Sauvage et arbitraire,

Qui d’un clic désigne

De nouvelles sorcières,

Les livrant sans procès

Au bûcher numérique.

 

Envieux et méprisants

Ils dénigrent les femmes,

Les jetant en pâture

Aux indigents du Net

Se repaissant du mal

Que sadiques ils infligent.

 

Nosferatu* terrés

Dans les failles du Net,

Ils surveillent les femmes

À travers leurs écrans,

Les mordant à la gorge

Aussitôt qu’elles s’expriment.

 

Vampires cybercyniques

Œuvrant dans les ténèbres,

Ils hantent les réseaux

Et tourmentent les femmes,

Les empêchant d’agir,

Les forçant à se taire,

 

Leur plaquant sur la bouche

Un bâillon numérique,

Reproduisant en ligne

Ce qu’ils font en réel :

Bâillonner leur parole

Et les rendre invisibles !

 

* Le nom exact de cette araignée est : « zoropsis spinamana » ou « zoropse à pattes épieuses » ou encore « araignée vampire » ou « Nosferatu ». 

© Catherine Gaillard-Sarron 25.10.25

Poème inédit à paraître dans La face cachée du monde – Parution fin 2025