Poèmes extraits du recueil « La terre de l’Aimé »

 

Le secret de l’amour

Le secret de l’amour c’est qu’il faut sans fin négocier pour ne pas le voir dépérir…

Le secret de l’amour

C’est aimer l’Autre comme soi-même

Et que cet Autre fasse de même

C’est lui prouver à chaque instant

Que pour nous il est important

Et c’est attendre que lui-même

À chaque instant en fasse autant

 

C’est donner sa confiance à l’Autre

Et que cet Autre nous l’accorde

C’est vivre à deux dans la concorde

En accueillant jusqu’aux discordes

C’est respecter l’engagement

D’aimer l’Autre en dépit du temps

 

C’est lui jurer fidélité

Et s’y tenir sur la durée

C’est partager tous ses soucis

L’épauler dans la maladie

C’est savoir être solidaire

Et parler au lieu de se taire

 

Le secret de l’amour

C’est qu’il s’exprime par des preuves

Et qu’il dépasse les épreuves

Qu’il se nourrit d’intimité

Et joue la réciprocité ;

C’est dire à l’Autre son besoin

Afin qu’il puisse en prendre soin

 

Le secret de l’amour

C’est qu’il faut sans fin négocier

Pour ne pas le voir dépérir

Sans fin le protéger

De l’habitude et du désir

Qu’il n’a pas besoin de décrets

Mais de dialogue et de respect

D’une égalité reconnue

Où tous les deux se mettent à nu

 

Le secret de l’amour

C’est qu’il n’y a pas de secret

Juste un cercle amoureux

Aimant et vertueux

Qui estompe les différences

Et accentue les ressemblances.

 

Tel le fleuve à la mer, l’amour va patiemment, creusant au fil des ans le lit des vieux amants…

Le lit de l’amour

 

L’amour et les années ont creusé entre nous

Un lit dont l’épaisseur nous protège des coups

Un lit profond et doux où invariablement

Nous nous réconcilions comme de vieux amants

 

L’existence n’est pas un long fleuve tranquille

Comme l’eau elle érode et mine les idylles

Toujours en mouvement, elle peut quitter son lit,

Charriant dans ses flots les débris de nos vies

 

Et sans fin dans nos cœurs elle grave son chemin

Y laissant un limon qui enrichit nos âmes

Imprimant dans nos corps que son passage entame

Les traces de ce lit où coulent nos destins

 

L’amour et les années ont creusé entre nous

Un lit dont l’épaisseur nous protège des coups

Un lit profond et doux où invariablement

Nous nous réconcilions comme de vieux amants

 

En dépit des remous et des crues torrentielles

Nous avons descendu le fleuve de l’amour

Godillant tour à tour en conjurant le Ciel

Conscients que les tempêtes s’apaiseraient un jour

 

Tel le fleuve à la mer, l’amour va patiemment

Creusant au fil des ans le lit des vieux amants

Offrant aux êtres aimants qui ont bravé le temps

Une couche pérenne à l’abri des courants…


© Catherine Gaillard-Sarron – La terre de l’Aimé 2014

Voir le livre