Du haut des montagnes

La nature est toujours d’un poète, rarement les livres. Jules Renard

Au-delà de la fureur des hommes, au-delà de la folie des hommes s’élèvent indifférentes, vigies à l’horizon, les montagnes millénaires…

La bise souffle à mes oreilles son air glacé mais ne me distrait pas du paysage grandiose et sublime qui s’offre à mon regard. Je marche et je pense… je pense et je regarde… et je comprends, avec humilité, dans la contemplation des montagnes lointaines, ma véritable condition.

Au-delà de la fureur des hommes, au-delà de la folie des hommes s’élèvent indifférentes, vigies à l’horizon, les montagnes millénaires, immenses et rassurantes, et mon regard meurtri sur ces pics éternels, témoins impuissants mais permanents de l’histoire, s’adoucit et retrouve dans leur stabilité, leur immanence, la sérénité et la paix qui manquent tant au monde.

Passe la vie comme un fleuve capricieux, charriant avec lui la boue et le sang des hommes, envahissant puis dévastant plaines, villes et vallées, emportant dans ses crues le génie et la folie des hommes, leurs rêves et leurs cauchemars, la grandeur et la décadence des civilisations, roulant dans ces flots tumultueux l’avenir incertain du devenir de l’homme…

le salut par la contemplation de la nature

Mais moi, insignifiance dans ce temps, poussière de vie flottant juste un instant, je contemple et je me raccroche, impuissante mais consciente, à la seule vérité que m’offre le monde, le salut par la contemplation de la nature, par la compréhension que tout passe, que tout casse, que la vie comme le fleuve coule vers la mer et que rien ne peut l’entraver ou l’enrayer. Mais que, cependant, dans la simple beauté de la nature, dans l’amour de sa contemplation, il y a la paix et la rédemption et qu’à force de la respirer, de s’en imprégner, comme par une alchimie étrange,  sa pureté devient vôtre et embellit votre âme.

Les hommes peuvent bien s’entre-tuer jusqu’au dernier et me voler jusqu’à mon dernier souffle, c’est l’esprit libre de haine et de peur que je veux, comme les montagnes qui veilleront encore bien après moi, regarder de haut la folie des hommes, regarder de loin la fureur des hommes.

 

© Catherine Gaillard-Sarron 08.10.01