Haïkus divers
L’inspiration c’est le souffle qui permet de respirer avec l’Univers.
Un poème c’est dire plus avec moins…
Un haïku est un poème extrêmement bref, célébrant l’évanescence des choses et les sensations qu’elle suscite. Il tire son nom du « haïkaï » et du hokku. Il est calligraphié traditionnellement sur une seule ligne verticale, au Japon, ou sur trois lignes, dans son adaptation francophone depuis 1905. Wikipédia
Comme il est admirable, celui qui ne pense pas : La vie est éphémère en voyant l’éclair.
Bashô
Pressurer les mots
Pour en extraire l’essence :
Le fluide essentiel !
Belle lecture
Haïkus sur les mots
Écrire, c’est parler en silence!
Pressurer les mots
Pour en extraire l’essence :
Le fluide essentiel !
Repenser les mots
Pour bien penser le monde –
Lui donner du sens.
Des mots comme des ferments
Pour faire lever l’esprit
Et nourrir le monde.
Des mots qui font rire
Qui parfois transpercent l’âme !
Des mots assassins.
Des mots lumineux
Pour éclairer l’intérieur
De notre conscience.
Sens des mots
Sens du beau
État de poésie !
Écrire en silence
C’est parler avec l’esprit,
C’est dire l’indicible.
Des mots pour penser
Pour élargir l’esprit
Et retrouver le sens.
Tremblants sur la page
Résonnent les mots silencieux,
Libérant les maux.
Noirs dans la nuit blanche
Les mots imprègnent le papier
Comme autant de larmes.
Cris silencieux dans la nuit
Les mots rougissent la page –
« Hé-mot-ragie » !
Motus et bouche cousue !
Le poids des mots comme une pierre
Écrase la vie.
Croix de bois, croix de fer,
Pourpres ruisseaux qui se mêlent
Aux portes de l’enfer…
Comprendre un peu tard
Que ce livre à peine ouvert
Était celui de notre vie.
Pile je gagne, face tu perds!
La vie est un jeu cruel,
Un jeu de hasard!
© Catherine Gaillard-Sarron 17.3.21
Haïkus sur l’hôpital
Chambres pleines : diastole
Chambres vides : systole
Pouls de l’hôpital.
Gyrophare pulsant,
Sirène hurlante et lumière bleue –
Urgence de l’accident.
Au-dessus de la porte
Cri de lumière dans la nuit,
L’angoisse pulse…
Lumière et blouses blanches,
Au pays de la souffrance
Le silence comme un linceul.
Masques et instruments,
Réparation des vivants –
Repousser la mort.
Silence qui se dilate
Lumière qui se contracte
Battements de la nuit.
Au cœur de la nuit
Pas feutrés et cliquetis –
Ronde des veilleuses.
Alarme insistante,
Pas qui courent dans le couloir,
La mort se rapproche…
Des bras qui se tendent
Pour une dernière étreinte –
Danse avec la mort.
Comme des cernes
Les rais bleus sous les portes
Trahissent l’angoisse.
Réveil douloureux,
Yeux cernés et draps froissés –
Couche de souffrance.
Peinte sur les draps blancs
Avec l’encre de la nuit,
L’esquisse d’une fuite.
Lits et corps défaits,
Lutte avec la maladie –
Champ de douleur.
Un à un coulent les jours,
Comme un goute-à-goutte –
Temps de l’hôpital.
Sur son radeau-lit,
Il dérive dans l’hôpital,
En perdition.
Vague de tourment
Sur une mer d’indifférence –
Homme à la dérive.
Solitude du malade
Prisonnier du lit,
Centre hospitalier !
Siestes et insomnies
Distorsions des habitudes
Convulsions du sommeil !
Cloué dans un lit
Comme un Christ sur une croix –
Envier l’albatros.
Serrer les paupières
Et rêver de guérison,
Loin de l’hôpital !
Faire bonne figure,
Rassurer son entourage,
Et pleurer tout seul.
Valse des patients
Florilège des humeurs –
Parfum de l’hôpital.
Chambres pleines : diastole
Chambres vides : systole
Pouls de l’hôpital.
© Catherine Gaillard-Sarron 17.3.21
Haïkus sur la fugacité de la vie
Une dernière fois, voir briller le soleil et fermer les yeux…
La mort nous regarde tous
Mais nous regardons ailleurs –
Fuite en avant.
Silence au-dehors
Tumulte au-dedans,
La mort passe.
Déjà sur son corps
Son ombre se propage –
Sceau de la Camarde.
Éclair dans la nuit !
Fugacité de la vie
Qui déjà s’éteint.
Un pas, deux pas, trépas,
Valse du temps qui passe,
Étreinte de la mort.
Alors qu’elle disparaît
Rongée par l’ombre du trépas,
Regretter la vie…
Comprendre un peu tard,
À l’heure du dernier sommeil,
Qu’on ne s’éveillera plus.
Falot vacillant
Sur un flot de certitudes –
Âme en perdition !
Larguer les amarres
Pour un voyage inconnu –
Adieu à la vie.
Accepter la mort
Qui nous dépouille du corps
Et libère l’esprit.
Deux étoiles
À la tombée de la vie
Éclairent ses yeux.
Une dernière fois
Voir se lever le soleil
Et fermer les yeux.
À peine ouvert,
Un livre oublié sur la table,
Celui de notre vie…
Fulgurant l’espace,
Trait de lumière incertain –
Une âme filante.
La vie se tarit,
S’interrompt le flux –
Retour à la Source.
Lumière et ténèbres,
Tournent les jours, tourne la vie –
Impermanence…
Temps de vivre, temps de mourir,
As-tu fait tes bagages ?
La mort n’attend pas.
© Catherine Gaillard-Sarron 17.3.21
Haïkus sur le deuil et la perte d’êtres chers
Goutte à goutte sur le défunt les larmes de la vie font refleurir l’amour.
Figure de la mort
Les visages se défont,
Tombent les masques.
Couché sur le lit
Il dort de son dernier sommeil,
Où se réveillera-t-il ?
Gorge et cœur serrés !
La mort l’a étouffé
Comme elle m’étreint.
Noire et glacée
La mort habille son corps,
Dénudant son âme.
Goutte à goutte sur le défunt
Les larmes de la vie
Font refleurir l’amour.
Où es-tu papa ?
Je te cherche et me cogne
Au silence du deuil.
Le chagrin m’aveugle
Alourdissant mes paupières
Du poids de l’absence.
Le buis et la flamme
Larmes de cire et de douleur –
Les vivants veillent.
Il dort pour toujours
Dans le lit des souvenirs
Quand viendra la crue ?
Son visage de marbre
Et son corps de bois –
Où s’est enfuie sa lumière ?
Sur son costume, une à une,
Tombent les larmes des vivants
Faisant éclore des fleurs de sel.
Il s’en est allé
Souvenirs et fleurs fanées
Reste l’absence.
Lame du souvenir
Qui fourrage les entrailles,
Mon cœur saigne.
La mort a frappé
Meurtrissant mon cœur blessé
Imprimant sa marque.
Regards embués
Bras et cœurs qui s’ouvrent en grand
L’amour nous resserre.
La pluie sur la tombe
Ravine la terre
Et creuse mon cœur.
Répandre la peine
Dans les larmes de l’amour
Pour guérir les plaies.
Tombe ouverte
Les vivants se referment
La mort sépare.
Pleurer pour emplir
Le vide de la présence
Laissé par l’aimé.
Fixer les souvenirs
Dans le cœur encore à vif
Pour ne pas oublier.
Cœur en deuil
Et communion de larmes.
Don d’amour.
La pluie tombe
Et dilue la terre
Comme les larmes la peine.
Drainer la peine
Dans le flot des sanglots
Pour faire reverdir la vie
La mort sans crier gare
T’a retiré du monde
Ta lumière s’est éteinte !
Le poids du chagrin
Alourdit mon cœur et mes pas
Je porte ta croix !
La douleur indicible
Et la vie qui déploie ses ailes –
Survivre…
© Catherine Gaillard-Sarron 17.3.21
Haïkus sur l’espérance et la transcendance
Dieu n’est pas dans ce que font les hommes : Il Est le Fond…
La mort est un pont
Qui nous relie à un amour
Que l’on ignore encore…
Douce au fond du cœur,
La présence des absents –
Amour immortel…
Mouvement de l’âme,
L’émotion est le mystère
Qui nous rend humain.
Être à l’instant
Ce que le temps
Est à l’éternité…
Sombrer dans la nuit
Pourvoyeuse de conseils
Et voir la lumière.
Passé, avenir ? Qu’importe !
Seul le présent compte
Celui de la vie…
L’Amour est la lumière du monde,
Il chasse les ténèbres
Et éclaire la Voie.
Garder confiance,
Aimer encore, aimer sans voir,
Croire…
Partager le chagrin
Entre l’amour de tous
Pour le faire disparaître.
C’est dans la force
De la pensée partagée
Que s’adoucit toute douleur.
Je ne suis pas seule,
Je suis avec tous ceux qui souffrent
Et tous ceux qui aiment !
Comme les nuages
L’être humain change de forme
Et se mêle au Fond.
© Catherine Gaillard-Sarron 17.3.21
Haïkus sur les transports publics
Entre les lignes…
Des lignes multiples
Qui influencent nos destins –
Trafic de la vie.
Marée des voyageurs
Qui montent et qui descendent –
Océan urbain.
D’une ligne à l’autre
La ville écrit son histoire,
Emportant nos rêves…
Comme un cœur qui bat
La gare anime la ville
Et la tient en vie.
Trépidation du matin
Tranquillité de la nuit
Respiration de la ville.
La gare palpite
En plein cœur de la ville,
Pulsations urbaines.
D’une ligne à l’autre
Oublier son mal de vivre –
Mal des transports.
Regards qui se croisent
Jambes qui se décroisent –
Lire entre les lignes.
Freinage d’urgence,
Un baiser inattendu…
Métropolisson !
Ta main dans ma main
Tes yeux dans les miens
La seule ligne à suivre.…
Se croisent les chemins
Avant de se séparer –
Lignes de la vie.
Ligne de vie, lignes de ville,
D’un transport à l’autre,
J’oublie que je t’aimais trop.
Nous l’empruntons tous
Pour un aller sans retour
La ligne… du temps.
© Catherine Gaillard-Sarron 17.3.21
Haïkus sur la mer
Indéfiniment sur la plage, les vagues psalmodient : mélopée de la vie…
Disque de feu
Sur une ligne écarlate :
Noces sanguines
Des cieux et de la mer.
Vibrations de lumière
Crépitements d’étoiles
La mer et le soleil
Se regardent en miroir…
Au bord de sa bouche mousseuse
Pétillent les vagues argentées :
La mer s’enivre de soleil…
Pluie d’étoiles à l’horizon
Effervescence sur la grève
La mer fête l’été…
Violemment sur le littoral
Les flots régurgitent les vagues
Gueule de mer…
Des esquisses argentées
Sur le sable brillant :
Tatouages éphémères
Sur la peau de la plage
Lèvres humides de la mer
Qui bave sa colère !
Sur la plage éplorée
L’écume de son ire…
Esquisses de sel
Sur le sable gris
Larmes de la mer
Après la tempête…
Sous le ciel transparent
L’océan se repose :
Mouvement immobile
Qui sous-tend toute vie.
Traces mystiques sur le sable
Qui se répètent et qui apaisent :
Mantras de la mer…
Entre ses lèvres écumantes
La mer sans fin claque ses langues
Qui perpétuent le chant du monde…
Sur le sable et sur tous les tons
Les vagues répètent leur leçon :
Histoire du monde…
Sous la houlette du mistral
Sans fin elles roulent et se déroulent
Leçon de mer…
Maîtresse du monde
La mer dompte les flots
Comme les hommes…
Indéfiniment sur la plage
Les vagues psalmodient
Mélopée de la vie…
La mer de sa plume d’écume
Ecrit l’odyssée de la vie,
Poétesse du monde…
Jaillies de son ventre profond
Les vagues livrent son histoire :
Biographie de la mer.
A coups de vagues murmurantes
La mer dépeint le mouvement
Artiste marine…
Jour, nuit,
Soleil, lune,
Marée de l’océan
Ressac de la mer
Inspiration,
Expiration,
Respiration du monde…
© Catherine Gaillard-Sarron 17.3.21