Pourquoi la nouvelle.

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« La nouvelle n’a pas sa place à l’ombre du roman.

Elle n’est pas, elle ne fut jamais un roman déshydraté. »

C. Burniaux 

Les 7 règles de la nouvelle par Hugo Engelhard

1. Ayez une idée

2. Soyez vrai

3. Suggérez, ne décrivez pas

4. Partez vite

5. AYEZ LA TERREUR D'ENNUYER

6. Créez un choc

7. Laissez la porte ouverte

Mon parcours et mes motivations

Ma première nouvelle s’intitulait « Sans sommation« . Je l’ai écrite en 2001. Depuis j’ai écrit plus de 140 nouvelles dont 111 ont été publiées dans divers recueils. Et mes tiroirs regorgent de scripts que je n’aboutirai probalement jamais faute de temps…

La nouvelle est un genre que j’affectionne particulièrement et qui me correspond bien : aller vite et bien au but sans s’embarrasser de fioritures inutiles. Épurer, garder l’essence du récit sans chercher à rallonger l’histoire. Elle s’écrit d’un jet, d’une respiration. C’est pour moi l’aquarelle de la littérature.

Quelques réponses

Sur la base d’un questionnaire de l’Encrier renversé, revue de nouvelles.

La nouvelle : votre distance de prédilection ou l’un des plis de votre éventail littéraire ?

La nouvelle fait partie de mon éventail littéraire. Elle autorise le développement d’idées ou d’intrigues qui ne supporteraient pas d’être diluées dans un roman. C’est la forme brève par excellence pour raconter des histoires courtes et denses en travaillant soigneusement la chute ; incontournable dans ce genre particulier.

Êtes-vous transgenre (blanc, noir, rose, fantastique, fantasy, S-F…) ?

Carrément transgenre ! Je suis une infatigable exploratrice littéraire et ma curiosité me pousse à diversifier les genres : poésie, nouvelle, roman, contes ! Et les registres : réaliste, satirique, fantastique, dramatique, noir, philosophique, humoristique, érotique ! Une sorte de trousse à outils littéraire qui me donne la possibilité d’adapter précisément le sujet à la forme et de décrire au mieux les mystères de l’âme humaine et du monde qui m’entoure. Une diversité nécessaire et vitale qui me permet d’écrire à ma guise et de ne pas me sentir enfermée dans la représentation que d’autres ont pour moi ce qui, à mon sens, bloque le processus créatif.

Vous êtes-vous déjà autoédité(e) ?

Dans un premier temps, comme je n’y connaissais rien, je me suis tournée vers l’édition à compte d’auteur et j’ai publié trois livres qui m’ont coûté bien trop cher. Puis la chance m’a souri et deux recueils de nouvelles sont parus à compte d’éditeur. La joie a été de courte durée. La course aux subsides de l’éditeur pour réaliser mon 3e livre et les délais extrêmement longs pour espérer le voir publié m’ont découragée. Au bout de 4 ans, les résultats n’ayant pas été à la hauteur de mes espérances les plus modestes, j’ai renoncé à chercher un éditeur et je me suis mise au travail. Je m’autoédite depuis plusieurs années et, à ce jour, j’ai publié une vingtaine d’ouvrages en autoédition. Je réalise tout moi-même. Je ne délègue rien et ne touche, évidemment, aucun subside. J’ai même repris les droits de mes recueils de nouvelles publiés chez mon éditeur afin de les promouvoir moi-même. C’est dire. Voir mon interview sur l’autoédition.

Êtes-vous ou avez-vous été un(e) « coureur/coureuse » de grands prix (d’écriture) ?

J’ai « couru » les prix à mes débuts. Je voulais connaître la valeur de mes textes et savoir si cela valait la peine de les publier. C’est un bon moyen de situer son écriture par rapport aux autres. J’ai reçu plusieurs premiers prix de poèmes et de nouvelles. Ces prix flattent l’égo, certes, mais surtout ils aident à avancer. Car il faut le dire, écrire est un travail solitaire qui demande beaucoup de temps et d’énergie quand les éloges et les lauriers sont rares. Il est donc utile d’obtenir quelques récompenses de temps en temps pour persévérer dans cette voie difficile où les élus sont rares. Par la suite, on développe davantage confiance en son travail et cela devient moins nécessaire.

Entretenez-vous des rapports amicaux et/ou de collaboration avec certaines revues, certains éditeurs de nouvelles ?

Non. Mais j’aimerais bien.

Animez-vous un blog, un site littéraires ? Fréquentez-vous les webforums dédiés à l’écrit ?

J’ai un site personnel que j’ai réalisé moi-même et sur lequel figure la diversité de mon travail. Je ne fréquente pas les webforums dédiés à l’écrit car j’ai beaucoup de projets en cours et je n’ai tout simplement pas de temps à y consacrer.

L’atelier d’écriture est-il un passage obligé ?

J’en ai fait deux et je me suis vite rendue compte que cela ne me correspondait pas. Mais cela peut être utile pour grandir en écriture si l’on n’est pas discipliné ou motivé. Ce qui n’est pas mon cas.

Noircir des feuillets blanchit-il vos nuits ou est-ce une activité de fin de semaine ?

Écrire blanchit mes nuits et éclaire mes jours. Ce n’est pas une activité de fin de semaine ou un hobby. C’est pour moi un vrai travail. Celui pour lequel je suis faite.

Êtes-vous tourneur/tourneuse de phrases ou adepte de l’épaulé-jeté ?

Je suis une tourneuse de phrase et une croqueuse de mots ! J’aime les faire danser et chanter dans mes poèmes ou mes fictions. J’ai besoin d’entendre leur musique en moi avant de les fixer définitivement sur la feuille. Je peux rester plusieurs heures sur une phrase si elle ne me convient pas, si je ne la sens pas. Je suis patiente avec les mots et je les respecte. J’aime profondément ma langue qui me permet si bien d’exprimer ma pensée.

Avez-vous la ponctuation scrupuleuse, insoucieuse, inventive ?

J’ai la ponctuation scrupuleuse dans mes nouvelles et romans, plus libre en poésie. Elle est indispensable pour moi. Une bonne ponctuation donne du corps au texte, le structure. La ponctuation, c’est la respiration du texte. Un texte mal ponctué est difficile à lire et peut être mal compris.

Votre façon d’écrire : sobre, sèche, musculeuse, précieuse, expérimentale, synthétique, psychologisante, poétique, humoristique… ?

Un peu tout ça à la fois, cela dépendra du genre et du sujet.

Avez-vous des tics d’écriture, des marottes (usage répété ou proscription d’un signe de ponctuation, de termes, d’un temps…) ? Un thème obses-sionnel ?

Non.

Dans quoi puisez-vous votre inspiration ?

Dans le quotidien, les journaux, l’actualité, les gens qui m’entourent, la nature, l’amour, mes rêves.

Pourriez-vous co-signer une œuvre fictionnelle ?

Je ne sais pas.

Écriture et relectures se font-elles à l’écran ou l’étape papier est-elle nécessaire ?

Beaucoup à l’écran mais l’étape papier est primordiale et incontournable.

En usant d’une métaphore, qu’est-ce qu’une nouvelle réussie (ex. « Un fil tendu. ») ?

Une nouvelle est une sorte de mécanisme de précision que l’on remonte progressivement et dont le ressort se détend brusquement lors de la chute finale. Comme une horloge qu’on a réglée et qui sonne à l’heure dite

Que vous inspire le fleurissement sur la Toile de l’édition numérique dite alternative ?

C’est une bonne chose. Une concurrence nécessaire à l’édition classique qui fait toujours la pluie et le beau temps et règne sans partage sur la création littéraire et les auteurs. Les choses changent. Les gens changent. L’édition aussi et l’édition numérique est une alternative moderne et indépendante qui permettra l’émergence de nouveaux talents dans un avenir proche.

La nouvelle est-elle suffisamment mise en lumière ? Quelles actions seraient profitables à sa promotion ?

Une mise en avant du genre de la nouvelle qui, en comparaison du roman, reste le parent pauvre ainsi que des nouvellistes dont les médias parlent peu.  Reconnaître l’importance, l’intérêt et la puissance de la nouvelle. Faire plus souvent des lectures de nouvelles à la radio, les publier dans les journaux, dans les revues, les bibliothèques, etc. Interviwer plus souvent des nouvellistes. Organiser des concours et créer des prix spécifiques.

Êtes-vous gros(se) lecteur/lectrice ? Plutôt livres papier ou « imma-tériels » ?

Je suis une grande lectrice de livres papier et de livres numériques, très pratiques lors de vacances ou de déplacements. Papier ou numérique, ce n’est pas le support qui m’importe, mais ce qu’il délivre.

Quel est le titre de votre recueil de chevet (tiré de la production mondiale) ?

Bizarre, bizarre de Roald Dahl.

Quels sont les nouvellistes de langue française (toutes époques confondues) de votre panthéon ?

Sylvain Tesson, Bruno Brel, Guy de Maupassant, George Sand.

Vous sentez-vous en amitié, en cousinage avec d’autres auteurs du temps présent ?

Parfois.

« La nouvelle, c’est la flèche et sa cible aussitôt atteinte. »

Horacio Quiroga

Sans Sommation : ma 1e nouvelle

Au fond de ses rétines, imprimé à jamais, le reflet des atrocités infligées à son peuple.

Sans sommation 

Un fauteuil pour trois, ed. Plaisir de lire 2009

Il est environ midi en ce jour de l’été 2035 lorsque se produit la première déflagration, mais c’est à la seconde seulement, cataclysmique, que chacun, véritablement, prend soudain conscience de ce qui se passe. C’est à cet instant précis que le matricule 858’000, et tous les autres avec lui, comprennent ce qui leur arrive. L’impensable s’est produit. L’impensable est là !

Comment y croire ! Comment ne pas hurler face à l’incommensurable bêtise humaine. Ils ont osé ! Ils attaquent !

Alors instantanément, comme mue par un seul mouvement de panique, la foule noire et hurlante se met à déferler en tous sens. Tel un raz de marée dévastateur, elle se propage et répand son flot sauvage et hystérique dans toutes les directions. Pareille à une rivière en crue, elle sort de son lit et se met à déborder, engloutissant tout sur son passage. Dans cet univers subitement ravagé par la violence, ce qui semblait jusqu’à présent sensé et solide s’effondre d’un seul coup. En un instant, tout ce qui constituait la vie de la communauté bascule dans le chaos. Plus de règles. Plus de lois. Ne subsistent que la terreur et la mort. Piégée par la folie des hommes, la population, devenue brutalement otage, est immolée sans autre forme de procès sur l’autel de la barbarie.

Coincé au milieu de la foule hystérique, le matricule 858’000 tente de garder la tête froide. Malgré la pression suffocante qui s’exerce sur lui de toute part et la peur qui lui broie les tripes, il réfléchit à toute vitesse. Plusieurs questions se pressent dans son esprit perturbé : qui sont les assaillants ? Et pourquoi les attaquent-ils ? A-t-il une chance de s’en sortir ? Si oui, dans quelle direction doit-il aller pour sauver sa peau ? Une question pourtant lui semble prioritaire et vitale : comment s’extraire de la foule ?

Il a conscience que s’il veut avoir une chance de s’en tirer, il lui faut absolument sortir de ce fourmillement de membres et de têtes. Emporté par la masse grouillante, il lutte de toutes ses forces pour s’en extirper. Autour de lui, c’est la confusion la plus totale. Il enregistre et désespère. Les soldats, pourtant aguerris, semblent inefficaces et incapables d’assurer la défense. Tout est irrémédiablement désorganisé. Le système tant vanté est réduit à néant. Mais que faire face à une pareille sauvagerie ? Et qui, véritablement, peut agir contre un ennemi invisible qui, sans même l’ombre d’un avertissement, envahit et saccage votre territoire ?

Écrasé par la masse de tous ceux qui fuient, il regarde ses congénères avec désolation. Tous ont l’air de chercher quelqu’un ou d’être perdus. Lui aussi est seul. La rapidité de l’agression et la panique qu’elle a engendrée ont tout séparé, tout fait exploser. Complètement hébétés, certains avancent portés par la seule force de la foule et semblent déjà morts. D’autres, comme déprogrammés, agitent leurs membres en tous sens en émettant cris ou plaintes. Et puis il y a tous ceux qui tapissent déjà le sol. Ceux qui statufiés par la peur se sont arrêtés net, devenant des obstacles pour les autres qui les ont écrasés sans remords. À une vitesse hallucinante, les corps qui s’empilent par centaines viennent bloquer les voies encore libres. Mais ce qui choque le plus le matricule 858’000, ce sont les regards hallucinés des survivants qu’il croise, regards exorbités par l’inconcevable et vides de tout ce qui les animait quelques minutes auparavant… Des siècles, lui semble-t-il à présent !

Comment imaginer qu’en un si court instant, un monde, son monde, est en train de disparaître sous ses yeux. Quelques minutes encore et il n’y aura plus rien !

« Je vais mourir », pense le matricule 858’000 avec lucidité. « Nous allons tous mourir, exterminés ! Comme ça ! Sans raison apparente ! Sans sommation ! »

À cette évocation, se refusant à enregistrer cette monstruosité, son esprit disjoncte. Il se bloque subitement, repoussant avec l’énergie du désespoir tout ce qui le voue à la destruction. Une terreur instinctive s’empare également de son corps qui lui échappe. Face à cette échéance atroce, imposée contre sa volonté, sa raison s’efface et son instinct de conservation reprend impérieusement les commandes. En ces minutes cruciales, ce n’est plus son mental qui lutte, mais ses cellules qui se battent pour leur survie, l’entraînant, le traînant littéralement vers la vie.

« Non ! Je ne veux pas mourir ! » répète-t-il dans sa tête. « Je ne veux pas mourir. Pas ainsi, pas maintenant ! Vite ! Me sortir de cette foule. De ce piège. Trouver une issue ! Réfléchir ! Réfléchir. » Il pense par à-coups, au rythme de l’adrénaline qui envahit son corps par saccades. Se calmer. Ne pas se laisser submerger par la panique. S’orienter, utiliser son instinct, son intuition. Ressentir les ondes. Faire quelque chose, agir, vite !

Soudain, sur sa gauche, une brèche dans un mur. Instinctivement, sans l’ombre d’une hésitation, il s’y engouffre. Malgré la peur qui le tenaille, il sait que c’est sa seule chance de survie. Délivré de l’emprise étouffante de la foule, il respire enfin. Derrière lui, comme un fleuve en folie, la multitude poursuit sa course folle.

Tout s’écroule autour de lui. Il se met à courir. Des craquements terrifiants se font entendre et les grondements sinistres se répercutent infiniment dans l’espace dévasté. À présent des flammes surgissent dans tous les coins et dévorent tout ce qui se trouve sur leur passage. Et partout, ces cris de douleur et de détresse qui s’élèvent dans une clameur horrible. Piégés par le feu, les habitants, terrorisés, cherchent à s’enfuir et se piétinent sans pitié.

Vision d’apocalypse ! Anarchie totale ! Souffrance inouïe que de constater que toute une civilisation va être effacée, pulvérisée de la surface de la terre d’un seul coup monumental. Complètement éventrées, les constructions encore debout s’effondrent les unes après les autres dans un fracas épouvantable. Des lueurs blanchâtres percent la pénombre et apparaissent sur les parois des galeries. Des brumes froides et humides s’infiltrent et envahissent l’espace protecteur.

Le matricule 858’000 s’enfonce dans une galerie. À l’opposé de la foule, il court ventre à terre. Il ne sait pas où il va, mais il court. Il a terriblement peur. Il tremble. Il fonce droit devant lui sans réfléchir. Il n’y a plus rien dans sa tête, qu’une phrase. Une seule phrase qui tourne sans fin comme un leitmotiv… je ne veux pas mourir… je ne veux pas mourir. Une phrase qui, lancinante, revient et revient encore. Mantra obsédant qui, tout en le mettant en transe, lui épargne la souffrance du présent… je ne veux pas mourir… je ne veux pas mourir… je ne veux pas… veux vivre… encore!

Plus rien, ni personne ne compte en cet instant ! Le matricule 858’000 veut juste survivre. Survivre à tout prix ! S’extraire de cet enfer de feu et de sang ! Sauver sa carcasse ! S’enfuir, échapper à cette horreur, à n’importe quel prix… pour vivre… encore.

Dans son thorax devenu trop étroit, son cœur cogne comme une machine en folie et son souffle aussi puissant que celui d’une forge le propulse en avant.

Avancer, ne pas s’arrêter. Avancer encore… encore ! Ne pas voir les cadavres amoncelés qui freinent sa progression. Ne pas sentir l’odeur irrespirable des corps qui se consument dans la fournaise. Ne pas ressentir l’ignominieuse panique qui le glace jusqu’au sang, qui le ralentit et anesthésie jusqu’à son désir de vivre.

Ne pas penser, avancer… avancer. Et toujours dans sa tête, la phrase obsédante qui tourne, qui tourne comme un manège en folie, « Je ne veux pas mourir… je ne veux pas mourir… je ne… ». Se mêlant aux cendres et à la fumée qui volent en tous sens, des larmes sillonnent sa face noircie. Ses yeux, exorbités par l’horreur, le brûlent et coulent sans discontinuer. Au fond de ses rétines, imprimé à jamais, le reflet des atrocités infligées à son peuple.

La peur chevillée au ventre et la tête prête à éclater, le matricule 858’000, animé par l’énergie du désespoir, court toujours droit devant lui. L’épouvante décuple ses forces et ses membres, comme mus par une force incontrôlable, le portent et le projettent littéralement en avant. Indépendamment de son esprit, ils courent au-delà de lui, le tirant, le traînant envers et contre tout plus loin, toujours plus loin de ce carnage.

À bout de forces, le corps en sang, la bave aux lèvres, incapable d’évaluer ses blessures – la tension immense qui l’habite neutralisant sa douleur – il se trouve brusquement face à une issue. L’espace, inespéré, lui semble minuscule, mais suffisamment grand pour qu’il puisse s’y faufiler. Il s’engouffre frénétiquement sans demander son reste et disparaît soudain de cet enfer.

Le matricule 858’000 est instantanément aveuglé par une violente lumière blanche. Simultanément, il voit plusieurs ombres gigantesques et menaçantes se déplacer dans sa direction. Complètement hébété, c’est par miracle qu’il parvient encore à éviter de se faire écraser en se jetant sur le côté. Tremblant de peur et caché par l’ombre d’un rameau, il distingue alors, sans doute possible, les auteurs du saccage abominable dont vient d’être victime sa colonie. Déjà, les ombres titanesques et armées de pointes fumantes s’éloignent. Elles se détachent sur une immensité grisâtre en proférant des grognements prolongés, terrifiants et incompréhensibles.

Ils sont partis ! Il est seul. Un silence mortel plane sur les lieux dévastés. Écrasé par l’horreur de cette attaque éclair, le matricule 858’000 erre comme une âme en peine, les yeux et le cœur en sang au milieu des décombres fumants.

Quelques minutes pendant lesquelles des milliers et des milliers de vies ont été brutalement exterminées. Atterré par sa découverte, le matricule 858’000 pleure, car aujourd’hui, attaquée sans raison et sans sommation par trois prédateurs humains, toute sa colonie a été détruite. Désormais orphelin, il reste le seul et unique survivant du massacre perpétré sur sa fourmilière.

 

© Catherine Gaillard-Sarron, nouvelle extraite du recueil de nouvelles fantastiques Un fauteuil pour trois Ed. Plaisir de lire 2009.