Tout est sujet; tout relève de l’art; tout a droit de cité en poésie…
le poète est libre.
Victor Hugo
Ce recueil réunit une multitude de poèmes écrits pour des occasions spéciales, mais aussi des dizaines d’hommages rendus à des êtres qui m’ont touchée par leur personnalité, leur dévouement ou leur bonté.
Y trouvent place également des maisons pour leurs ambiances particulières, des lieux pour leur beauté ou leur singularité, et bien sûr les sentiers de Chamblon, Les Dents du Midi, l’Hom-montagne. Même le Saint-Laurent, la morille, la lune et les mots ont leur poème…
Belle lecture
- La Meunière du Moulin blanc
- Au printemps
- Mon Frère est mort
- À l'ami du pays...
- Dame grenouille
- Le tailleur de sons
- L'Hommontagne"
- Ode à la morille
- Angela
- La fée du Lessy
- Le nouveau chalet de Manu
- Jolimont
- Roger
- Jean-Paul coeur
- La maison d'Annely
- Le chalet de la Chaz
- Le veilleur
- Le Saint-Laurent
La Meunière du Moulin blanc
Au cœur du vieux moulin,
De sa roue orphelin,
Graziella moud le temps
Qui coule doucement
Seule dans la cuisine
Sans fin elle mouline
Semant d’éclats de rire
Le flot des souvenirs
Graziella moud le grain
Du temps entre ses mains
Réduisant en poussière
Son insigne matière
Elle écrase et pétrit
Le grain du quotidien
Offrant à ses amis
Le pain et le moulin
Inlassable meunière
Œuvrant à l’amitié
Graziella est lumière
Calme et sérénité
Elle a les pieds sur terre
Mais un sourire solaire
Bien ancrée à Lully
Où elle a fait son nid
Au bord de la rivière,
Du temps à la frontière,
Graziella rit et vit
Transcendant les soucis
Plus de roue au moulin
Pour écraser le grain
Mais juste un cœur qui bat
Celui de Graziella…
© Catherine Gaillard-Sarron
Pour Graziella le 17.10.20
Au printemps
Il voulait partir au printemps
Quand la nature reverdit
Et l’air embaume le lilas
Il voulait partir au printemps
Quand naissent les premières feuilles
Et se détachent les anciennes
Il voulait une fois encore
Sentir la caresse du vent
Sur sa peau privée de soleil
Serrer ses fils dans ses bras
Dire adieu à ceux qu’il aimait
Leur montrer sa face cachée ;
Il voulait partir au printemps
Quand reviennent les hirondelles
Et les tendres coucous des bois
Il voulait partir au printemps
Et le printemps l’a entendu
Avançant sa venue d’un mois.
Il est parti l’âme tranquille
Avec les premières jonquilles
Le cœur empli de notre amour…
© Catherine Gaillard-Sarron
Pour Christian le 21.2.19
Mon frère est mort
Mon frère est mort,
Emportant avec lui
Un bout de la fratrie,
Trouant par son absence
La photo familiale.
Mon frère est mort.
S’est envolé l’esprit
Qui animait son corps
Et devant sa dépouille
Désertée de son âme
S’impose l’évidence
Comme un coup de poignard
Mon frère est mort !
Fermés à tout jamais
Ses yeux vifs et brillants
Et de même scellées
Ses lèvres généreuses ;
Je n’espérerai plus
Sa visite improbable,
Ne me fâcherai plus
De sa désinvolture.
Mon frère est mort.
Et je prends la mesure
De cet arrachement
Qui ébranle mon être
Et tous mes frères et sœurs
Mon frère est mort,
Et saigne désormais
Tout le corps fraternel
Face à l’amputation
De l’un de ses dix membres.
© Catherine Gaillard-Sarron
Pour Christian le 23.2.19
À l’ami du pays…
À l’ami du pays où chantent les cigales,
Où généreux Phoebus l’inonde de son miel,
Où la mer, inlassable, caresse ses rivages
Lissant de son ressac sa beauté éternelle.
À l’ami du pays où danse la lumière,
Où le moindre galet se change en tourmaline,
Où fragrances et senteurs sous l’ardeur phocéenne
Sécrètent leur parfums et enflamment les sens.
À l’ami du pays où souffle le mistral,
Où le ciel et la mer épousent l’horizon,
Où l’écume des vagues crépitant sur les plages
Transmue le sable en or sous l’astre étincelant.
À l’ami du pays où chantent les poètes,
Où poète lui-même, il compose des vers,
Des vers emplis de feu, de lumière et d’écume,
Des vers qui lui ressemblent et ressemblent au pays…
© Catherine Gaillard-Sarron
Pour Jean-Marie le 31.12.16
Dame grenouille
Sur le sommet du mont Marcou
Bordés d’élégants murs en pierre
On l’aperçoit tendre le cou
Postée sur ses pattes arrière
Elle se dresse dans l’azur
Immobile au milieu des pierres
À l’écoute du chant des murs
Qui lui adressent leurs prières
Dame grenouille sur son île
Observe de loin « Les Fourmis »
Ces êtres à la force tranquille
Qui restaurent jasses et bories
Curieuse, elle admire leur reine,
Juchée sur un grand lit de pierres,
Altière, dominant la plaine,
Antennes tournées vers Faugères
Dans son armure minérale
Dame Fourmi veille les siens
Les encourageant, impériale,
Dans leur bénévole dessein
Sous l’espace céruléen,
Stridulant du chant des cigales,
« Les Fourmis » œuvrent en commun
Élaborant un idéal
Infatigables travailleuses,
Amoureuses de leur ouvrage,
Sans fin redressent, laborieuses,
Des murs au cœur des paysages.
© Catherine Gaillard-Sarron 23.6.15 pour Jean-Paul Ehli
Écouter mon poème, vidéo Nicolas Gicquel
Le tailleur de sons
Dans sa bulle de verre éclairée en sous-sol
Il écoute le monde et capture les sons
Plus que le matelot qui vogue sur les flots
Il glisse entre les sons qu’il saisit à la source
Son antre est un giron où il baigne apaisé
Un lieu sans parasites et sans interférences
Un ventre maternel ronronnant et vivant
Vibrant de résonnances qu’il contrôle et maîtrise
Un peu scaphandrier et un peu cosmonaute
Il sait que dans le fond tout n’est que vibrations
Un grand champ vibratoire qu’il explore sans fin
Toujours à la recherche du son originel
Pareil à un dauphin ou peut-être aux étoiles
Il traverse les ondes en y laissant sa trace
Creusant dans un néant éclairé de photons
Une ode silencieuse composée d’infrasons
Ainsi chante Valdo au creux du Tabousset
Accompagnant patient chacun dans son studio
Créant et assemblant en tailleur avisé
Des œuvres sur mesure empreintes d’harmonie
A l’écoute des ondes qui cadencent sa vie
Il coupe et recompose dans la trame acoustique
Habillant de lumière des mots qui virevoltent
Et se fondent en accord dans les cœurs et les âmes.
Dans sa bulle de verre éclairée en sous-sol
Il se relie au monde sur toutes les fréquences
Pareil au matelot qui vogue sur les flots
Il glisse sur les sons qu’il taille à l’unisson…
© Catherine Gaillard-Sarron 30.05.12 – Pour Valdo
L’Hommontagne »
Couché sur l’horizon un homme est étendu ;
Son corps est immobile on dirait qu’il est mort…
Dans le ciel embrasé par le soleil couchant
Son ventre se dessine aussi rond que les monts,
Ses jambes infinies filant dans le lointain…
Tout en lui est silence, indicible présence,
Son visage est tranquille, étrangement serein,
Et d’où qu’on le regarde on le voit de profil.
Allongé sur la terre depuis des millénaires,
L’homme qu’on dirait mort regarde vers le ciel,
Mais dans ce corps de pierre et ce visage de roche,
Les yeux de pur cristal contemplent le Mystère,
Emplis d’éternité ils voient ce qui n’est plus,
Emplis d’éternité ils voient ce qui sera,
Offrant à mon regard tout ce qui est encore…
© Catherine Gaillard-Sarron 17.2.04
Ode à la morille
À la fin de l’hiver c’est elle la première
À naître de la terre en poussant droite et fière
Quelquefois de sa tête elle perfore la neige
Offrant à l’œil en fête son petit chapeau beige
Il faut la mériter la morille printanière
Qui joyau de nos prés en sertit les lisières
La quêter patiemment sans se soucier du temps
À l’affût de sa robe qui souvent se dérobe
Il faut l’apprivoiser parfois sur des années
En connaître les coins la chercher avec soin
Car et c’est admirable la morille est subtile
N’offrant qu’aux plus habiles son parfum délectable
Les yeux la cherchent brune et la découvrent blonde
Toute gorgée de lune et comme elle bien ronde
Puis ils la cherchent claire et la découvrent sombre
Tapie sous une pierre, invisible dans l’ombre,
Mythique morchella à la tête conique
Qui se fond mimétique dans les bois du Jura
Entraînant derrière elle le temps d’une saison
Les inconditionnels de ce beau champignon
Il faut la mériter la précieuse morille
Elle qui débusquée fait briller les pupilles
Déceler son plissé dans l’écrin du printemps
Trésor alvéolé au pied des sapins blancs
Il faut la mériter la goûteuse morille
Elle qui mitonnée fait chanter les papilles
Et sans fin honorer cette reine des bois
Qui aux plus dévoués offre ce mets de choix.
© Catherine Gaillard-Sarron 12.5.08
Angela
Angela, Angela,
Au cœur écorché vif
Qui bénévole va
D’un petit pas hâtif
Angela volcanique
À l’âme nostalgique
Qui pleure son pays
Et célèbre la vie
Angela courageuse
Qui lutte et qui combat
De la vie amoureuse
Malgré les aléas
Angela tourmentée
Par son identité
Consumée par des maux
Qu’elle ne peut mettre en mots
Angela exilée
Angela amputée
De cette âme roumaine
Qui pulse dans ses veines
Angela poétesse
Qui son amour confesse
Angela prophétesse
Qui de l’autre s’empresse
Angela méconnue
Angela détenue
Pétrifiée dans un temps
Qui fige son élan
Angela qui transcende
Et qui si peu demande
Angela qui rayonne
Angela qui se donne
Qui ouvre grands ses bras
Qui ouvre grand son cœur
Qui transmue la douleur
En partageant son art
Angela, Ange là,
Au regard plein d’éclat
Qui veille et reconstruit
Ce que d’autres ont détruit
Et recrée dans sa chair
La poésie vivante
Qu’elle déploie flamboyante
Bien au-delà des mers…
© Catherine Gaillard-Sarron 12.6.13 – Pour Angela
La fée du Lessy
Au Lessy mes amis
Est un fin cordon-bleu
Qui tous les mercredis
Sert un plat merveilleux
De partout les gourmands
Accourent pour y goûter
Et comme ensorcelés
Y reviennent en courant
Si vous voulez savoir
De quel mets il s’agit
Venez donc vous asseoir
Aux tables du Lessy
Mais sachez que ce plat
Digne d’un grand palais
Vous laissera sans voix
Tant son goût est parfait
Je n’en dirai pas plus
Sur ce plat tant couru
Si ce n’est croyez-moi…
Qu’il n’est pas pour le chat !
Pour la famille Oppliger, Chamblon le 30.08.09.
Le nouveau chalet de Manu
Il n’était plus que ruines
Poutres noircies et cendres froides
Il n’était plus que peine
Désolation et désespoir
Mais tel qu’au premier jour
Il s’élève à nouveau
Pareil et différent
Sur l’alpe qui le veille
Il a repris sa place
Au-dessous des Bochasses
Tout habillé de neuf
Mais vieux de souvenirs
Il a repris sa place
Au cœur de notre cœur
Nous offrant un refuge
Où contempler le ciel
Il n’était que décombres
Fumants dans une aube glacée
Il n’était que débris
Et souvenirs irremplaçables
Mais tel qu’au premier jour
Il revit aujourd’hui
Sa charpente nouvelle
Craquant sous le soleil
Comme avant il se tient
Face aux dents du Midi
Saluant les montagnes
Qui pleuraient son absence
Comme avant il accueille
En son sein chaleureux
Tous ceux qui pleins d’espoir
Attendaient son réveil
Il n’était plus que ruines
Poutres noircies et cendres froides
Il redevient bonheur
Et promesses de joies nouvelles
Car transcendant le feu
Le chagrin et les larmes
Manu l’a reconstruit
Encore plus beau qu’avant.
Niché à Champoussin
Entre fleurs et sapins
Tout près de la chapelle
Et plus très loin du ciel
C’est un vrai paradis
Pour le cœur et l’esprit…
Pour Josiane et Emmanuel, Chamblon le 16.11.11
Jolimont
Hors du temps et de ses tensions
Comme il fait bon à Jolimont
Renouer le temps d’une trêve
Avec la nature et ses rêves
Dans ce chalet tricentenaire
Où chaque objet à son histoire
Pas de place pour l’éphémère
Qui ne sait rien de la mémoire
Ici tout semble suspendu
Comme le linge sur les fils
Les draps de lit sont en coutil
Les rideaux en coton écru
Depuis la terrasse balcon
La vue plonge sur les Ormonts
Et tout autour de jolis monts
De vert festonnent l’horizon
Dans cet espace intemporel
Plus près du ciel que de la terre
Le corps s’apaise, l’âme s’éclaire,
Et toute chose devient belle
Hors du temps et de ses tensions
Comme il fait bon à Jolimont
Sentir craquer sous la beauté
Son âme comme un vieux plancher…
Pour Christine et Bernard, les Ormonts le 29.08.09.
Roger
Roger s’en est allé…
Au milieu de l’été
Au milieu du salon
Au milieu d’une phrase…
En toute discrétion
Comme il avait vécu
Roger nous a quittés
Sur la pointe des pieds
Il est parti sans bruit
Modeste jusqu’au bout
Sans déranger Simone
Sans même un au revoir
Assis dans son fauteuil
Au milieu du salon
Roger s’est envolé
Comme s’envolent les rêves
Plus vite qu’une étoile
Filant dans le cosmos
Plus vif qu’un éclair
Zébrant un ciel d’orage
Roger s’est envolé
L’âme soudain volage
Sans peur et sans bagages
Pour un dernier voyage
Saisi par un vertige
Qu’il étudiait de près
Confiant dans ce Mystère
Qui venait le chercher
Il est parti sans bruit
Tel un beau papillon
Le cœur et l’esprit clair
Dans les jardins du ciel
Parti dans le ciel d’août
Rejoindre les étoiles
« Larmes de St-Laurent »
Qui se mêlent aux nôtres
Roger nous a quittés
Mais Roger est encore
Au milieu de nos vies
Au milieu de nos cœurs
Au milieu de nos phrases…
© Catherine Gaillard-Sarron 09.08.13 – Hommage à Roger
Jean-Paul coeur
Il semblait taillé dans l’espoir
Dans le diamant de l’optimisme
Plein d’un entrain inoxydable
D’une vigueur indestructible
Son courage nous éblouissait
Rayonnant sur chacun de nous.
On le voyait imperturbable
On le croyait inaltérable
Puissant de l’amour d’Émilie
Sanglé dans sa cotte d’humour…
Son regard bleu voilant l’abîme
Et son sourire la souffrance.
On le voyait inébranlable
On le croyait invulnérable
Mais Jean-Paul Cœur s’en est allé
Terrassé par la maladie
Abandonnant à contrecœur
Son petit Bambou derrière lui…
Adieu Jean-Paul, je t’aimais bien,
Toi l’ami qui riais d’un rien
Ton humour comme une lanterne
Quand viendra rôder la camarde
M’éclairera de son éclat
Et m’indiquera le chemin…
© Catherine Gaillard-Sarron 12.07.12 – Hommage à Jean-Paul
La maison d’Annely
Me voilà revenue
En ce lieu préservé
Où comme suspendu
Le temps s’est arrêté
Me voici revenue
Après bien des saisons
Dans la jolie maison
Où Annely n’est plus
J’ai ouvert les volets
Et tiré les rideaux
Laissant entrer à flots
Le doux soleil de mai
Je revois Annely
Me servir un café
Son petit chien Foxy
Me mordiller les pieds
Ici rien n’a changé
En dépit de l’absence
Et tout semble habité
D’une infime présence
C’est une paix profonde
Que j’éprouve en ce lieu
Sis au plus près des cieux
Et détaché du monde
Une joie sans partage
Qui enchante mon cœur
Devant le paysage
D’une insigne splendeur
Me voilà revenue
Dans ce havre hors du temps
Où mon esprit conscient
S’ouvre à l’inattendu
Où mon âme volage
Toute dans le présent
Derrière les nuages
Se dissipe en rêvant
Me voici revenue
Comme en pèlerinage
Rechercher le ténu
Au cœur de ce voyage
Me vouant tout entière
Au silence et au vent
Qui chassant les tourments
M’emplissent de lumière
Me voilà revenue
Dans la petite maison
Où Annely n’est plus
Depuis tant de saisons
Ce vaisseau de verdure
Balayé par l’azur
Qui fend tel un navire
La mer des souvenirs
Me voici revenue
Avec âme et bagages
En quête d’inconnu
Et de nouveaux rivages
Heureuse d’être là
Dans ce « Panorama »
Où mes yeux éblouis
Contemplent l’infini
Heureuse d’être ici
Dans ce havre bénit
Où grâce à Anne-Marie
Je retrouve Annely…
Pour Anne-Marie, les Rasses le 7.5.11
Le chalet de la Chaz
Bien ancré dans la pente
Où fleurissait la menthe
Il était le plus beau
Des chalets du hameau
Du printemps à l’hiver
Doré par le soleil
Il s’ouvrait sur un ciel
Plus vaste que la mer
Il n’était que fenêtres
Où jouait la lumière
Diamant étincelant
Renvoyant le présent
Dominant la vallée
Qui dormait à ses pieds
Il savait éveiller
Le cœur à la beauté
Il était un îlot
Au milieu des troupeaux
Un bout d’éternité
Dans l’immédiateté
Un douillet petit nid
Contre l’usure du temps
Un lieu de poésie
Où écouter le vent
Posé comme un joyau
Au cœur des pâturages
Il incarnait la paix
Que l’âme recherchait
Lui offrant un abri
Loin de la frénésie
L’unissant au divin
Qui régnait souverain
Face aux Dents du Midi
Qui crénelaient l’azur
Il avait fière allure
Le chalet de Manu
Lui qui l’avait conçu
Et de ses mains bâti
Lui donnant cette vie
Que le feu lui reprit
Il était le plus beau
Des chalets du hameau
Il n’est plus que débris
Cendres et poutres noircies
Mais dans nos cœurs émus
Par ce bonheur perdu
A jamais restera
Le chalet de la Chaz.
Niché à Champoussin
Entre fleurs et sapins
Tout près de la chapelle
Et plus très loin du ciel
C’était un paradis
Pour le corps et l’esprit…
Pour Josiane et Manu, Chamblon le 25.01.08
Le veilleur
La solitude du veilleur est un peu celle du poète et du philosophe,
Car tous les trois, à leur manière, sont en retrait du monde
Et tous les trois, à leur façon, agissent sur lui :
Le premier le veille et le surveille,
Le deuxième l’éveille
Quand le troisième le réveille !
En dehors de la foule
À l’ombre de la nuit
Il longe les couloirs
Et les salles désertes ;
Il marche solitaire
Dans les bâtiments vides
Quadrillant de son pas
Les espaces béants.
Quand la ville s’endort
Il veille et il surveille
Traînant ses insomnies
Le long des corridors ;
Il inspecte en silence
Les pièces abandonnées
Écoutant dans l’absence
La possible présence.
En dehors de la foule
À l’ombre de la nuit
Il compte les étoiles
Pour rester éveillé ;
Il rêve et déambule
En arpentant le temps
Il rêve et déambule
Et parle avec la lune.
En dehors de la foule
À l’ombre de la nuit
Il pousse devant lui
Ses souvenirs fantômes
Et quand vient l’aube grise
Sur son corps fatigué
C’est tout le poids du temps
Qui fait plier son dos
Tout le sable du temps
Qui brûle son regard.
© Catherine Gaillard-Sarron 11.11.03 – Pour Raoul
Le Saint-Laurent
Déroulant son ruban aux reflets argentés
Sur mille kilomètres il va s’élargissant,
Des Grands Lacs à l’estuaire ou l’attend l’océan
Sans impatience il coule empreint de majesté,
C’est un fleuve magique saisissant de beauté
Dont les panoramas sans cesse sont changeants,
Un fleuve où par milliers rient les fous de Bassan
Où les baleines à bosses charment les nuits d’été,
On le nomme « La mer » tant il semble infini
Et quand revient l’hiver aux éclats de diamant
L’habiller de lumière et le gainer de blanc
Au pays tout entier s’unit le Saint-Laurent.
© Catherine Gaillard-Sarron 28.10.05 – Hommage au St Laurent