Chant d’adieu.

AudiosPoésie

Le vrai tombeau des morts c’est le cœur des vivants.

Jean Cocteau

Chant d'adieu

Les morts ce sont les cœurs qui t’aimaient autrefois.         V. Hugo

Les morts sont des invisibles, mais non des absents. Victor Hugo

Je t’écris tendre mère pour ne pas t’oublier. Pour transcender la mort et pour me souvenir. Je mets les maux en mots pour incarner l’absence et te rendre présente au travers de l’esprit…

Ne dites pas : mourir. Dites : naître. Croyez

V. Hugo

 

Novembre 2012- 108 pages
ISBN : 978-2-8399-0993-8
Prix 25 CHF

Més(s)ange

par Catherine Gaillard-Sarron | Voix off Anne Davaud

Ce sont nos âmes qui s’aiment et non nos corps.

Victor Hugo

Quand s’éteint une maman, s’éteint avec elle la lumière qui éclairait et réchauffait le cœur de ses enfants. Ils comprennent, alors, qu’en eux aussi quelque chose vient de mourir…

Trente poèmes et 48 photos pour tenter de retrouver cette lumière…

L’amour immatériel est éternel, parce que l’être qui l’éprouve ne peut mourir.

Ce sont nos âmes qui s’aiment et non nos corps.

Victor Hugo

Veille

 

La mort approche, maman,
Dans cette chambre où l’on te veille,
Sans hâte elle vient, maman,
Dans cette chambre où tu sommeilles,
 
Elle nous regarde par tes yeux
Où dansent déjà tes adieux
Et dessine sur ton visage
Les stigmates de son passage
 
Comment te dire d’un regard
L’amour qui habite nos cœurs
Et comment face à ton départ
T’en dissimuler la douleur
 
La mort avance, maman,
Dans cette chambre où l’on te veille,
Sans hâte elle vient, maman,
Dans cette chambre où tu sommeilles,
 
Lentement elle progresse en toi
Raréfiant ton souffle et ta voix
Et nous assistons impuissants
À ton combat contre le temps
 
Dans cette chambre où l’on te veille,
Où lasse tu attends la mort,
Tous ensemble autour de ton corps,
Nous luttons contre le sommeil,
 
T’accompagner dans ce voyage
Jusqu’au moment du décollage
T’assurer de notre présence
Pour passer ce mur du silence
 
La mort est là, maman,
Dans cette chambre où l’on te veille
Et notre cœur est lourd, si lourd,
Car en dépit de notre amour,
Comme toi nous savons maman
Qu’il n’y aura pas de réveil…

 

 

 

Transit

Où es-tu maman ?

Coincée entre ici et là-haut.

Où es-tu ?

Si proche et si loin de nous.

Est-ce la vie, est-ce la mort qui t’agite ?

Qui des deux fait tressaillir tes paupières,

Trembler ton corps,

Précipite ta respiration ?

Est-ce la vie, est-ce la mort qui t’agite maman ?

Qui trouble ton sommeil, retarde ton départ ?

Où es-tu maman ?

Suspendue entre terre et ciel

Ton cœur de mère est-il trop lourd ?

Trop plein d’amour ?

Qu’il ne cesse de battre et ne peut s’envoler…

Va, petite mère,

Romps tes amarres,

Envole-toi vers notre Père

Et laisse-toi aimer,

Comme tu nous as aimés…

Une dernière fois

 

Le prononcer encore une fois
Ce mot qui est mort avec toi
Le formuler de vive voix
Pour ne pas m’éloigner de toi
 
Le chuchoter autour de moi
Pour perpétuer ton souvenir
Le dire pour ne pas t’oublier
Toi que je ne peux plus nommer
 
Le prononcer encore une fois
Ce mot que je n’entendrai plus
Le murmurer dans le silence
Maintenant que tu es partie
 
L’exprimer une dernière fois
Ce mot que je ne dirai plus
L’épeler une ultime fois
Ce petit mot que j’ai chéri
 
Et le garder comme un trésor
Dans les plis secrets de mon cœur
Pour que toujours je me souvienne
Du tendre écho de ses syllabes
Maman…

 

 

 

Mes(ange)

 

Une mésange ce matin
Est venue me parler de toi
Elle se tenait dans le jardin
Immobile en dépit du froid
 
Debout derrière la fenêtre
Je la contemplais sans la voir
Le vent dépouillait le vieux hêtre
Et faisait trembler la mangeoire
 
Mon regard a croisé le sien
Si doux au cœur de cet hiver
Et ce fut tes yeux dans les miens
Que je vis le temps d’un éclair
 
Dans cet instant d’éternité
Où seuls s’aventurent les anges
C’est un petit cœur de mésange
Qui me parlait de vérité
 
Debout derrière la fenêtre
Dans l’émotion et le silence
J’ai senti en moi ta présence
Au travers de ce petit être
 
Une mésange ce matin
Est venue me parler de toi
Et s’est envolé mon chagrin
Quand pour moi seule elle a chanté…

Le sourire de maman

Chagrins au vent sur les chemins
Je marche vers ton souvenir
Pour que le temps cet assassin
N’efface pas ton doux sourire
 
Car en dépit de mes efforts
À vouloir déjouer la mort
L’absence autant que le silence
Lentement creusent la distance
 
Déjà ton visage s’estompe
Et ta présence s’atténue
Je sens bien que les liens se rompent
Que je m’accroche au plus ténu
 
Mais je ne peux pas t’oublier
Sans fin vers toi je veux marcher
Rester encore dans ton sillage
Faire resurgir ton beau visage
 
Ne pas laisser au temps qui passe
Ce psychopathe de l’espace
D’assassiner les souvenirs
Qui m’ont aidée à devenir
 
Chagrins au vent sur les chemins
Je marche vers mon avenir
Et si tu ne tiens plus ma main
Tu l’éclaires de ton sourire…

 

.Mimi

Ta vie maman tu as passée
À élever tes dix enfants
Emprisonnée dans ton foyer
Entre corvées et dévouement
Toi qui avais si peu reçu
Tu as su prendre soin de nous
Économisant sou par sou
Pour nous offrir le superflu.

Trop vite se sont envolées
Les années de ta vie maman
Trop vite emportées par le temps
Comme les feuilles aux quatre vents
 
Chaque jour levée la première
Tu étais couchée la dernière
Œuvrant sans fin d’arrache-pied
Pour faire tourner la maisonnée
Où as-tu trouvé le courage
Maman d’abattre cet ouvrage
Toi qui fis trois ans de sana
Et presque sept ans nous portas ?

Trop vite se sont envolées
Les années de ta vie maman
Trop vite emportées par le temps
Quand se multiplient les enfants.

Toi qui n’étais que peu sortie
Tu ne connus guère de plaisirs
Comme une fleur tu te flétris
En fuyant dans tes souvenirs
Où est passée la p’tite Mimi
Celle tant aimée de Pierrot
Lui qui debout sur sa moto
En fit la reine de nos vies ?

Trop vite se sont envolés
Les rêves de ta vie Mimi
Trop vite emportés par le temps
Ne te laissant que les soucis
 
Tu étais belle et courageuse
Mais souvent seule et débordée
Qu’elles étaient longues ces journées
Emplies de tâches laborieuses
Menant et gérant ta marmaille
Tu fis preuve de caractère
Te débrouillant en solitaire
Au jour le jour et vaille que vaille.

Trop vite se sont envolées
Les années de ta vie maman
Trop vite emportées par le temps
Qui les sema aux quatre vents.

Les enfants ont quitté le nid
Même Pierrot s’est envolé
Tu restes seule et fatiguée
À ressasser au creux du lit
Toute ta vie tu as donnée
À tes enfants et ton mari
Comme elles sont longues ces journées
Aujourd’hui malade et sans lui.

Trop vite se sont envolées
Les années de ta vie Mimi
Trop vite emportées par le temps
Qui tes beaux cheveux a blanchis
 
Et d’hôpital en hôpital
S’écoulent désormais tes jours
Sur les draps ton visage pâle
Nous sourit pourtant plein d’amour
Comment te remercier maman
Pour cet amour et tout ce temps
Que sans jamais penser à toi
Infiniment tu nous donnas…

Trop vite se sont envolées
Les années de ta vie maman
Trop vite emportées par le temps
Qui se moque des sentiments…

Cathy le 25.02.09