“INFEMMIE” OU “IGNHOMINIE”
La femme contient le problème social et le mystère humain. Elle semble la grande faiblesse, elle est la grande force.
Victor Hugo Extrait du Actes et paroles
Servantes, serveuses, boniches, domestiques ou femmes de chambre, nurses, bonnes, gouvernantes, employées de maison ! Quelle différence quand les hommes pleins d’arrogance et de mépris les prennent toutes pour des putains !
Femmes de ménage, femmes de bureau ! c’est du pareil au même. D’un coin du monde à l’autre partout le même topo ! Une femme ici vaut une femme là mais elle vaut moins qu’un homme même si c’est un vaurien.
Est-ce à dire qu’à leurs yeux une femme vaut moins ? Qu’à leur donner la vie fait d’elles des putains ?
Coiffeuses ou pédicures, esthéticiennes, cuisinières, mères de famille, diététiciennes, aides-soignantes ou infirmières, sages-femmes, puéricultrices, mannequins, tops, courtisanes, masseuses, danseuses, prostituées, strip-teaseuses et même religieuses !
Elles s’occupent des corps, des hommes et des enfants, des malades et des vieux, des humeurs et des poils, des fèces et de la crasse, de ces choses infamantes qui dégoûtent les hommes.
Vendeuses ou couturières, agricultrices, vigneronnes, commerçantes, maraichères, boulangères, bouchères ou concierges, opératrices, institutrices, artisanes, policières, chauffeuses, ramoneuses, secrétaires, journalistes ou conseillères, employées de banque, de commerce, cheffes d’entreprises, architectes ou médecins, comédiennes, chanteuses, danseuses, artistes en tous genres !
Elles ne sont qu’ouvrières, blanchisseuses du monde, abeilles laborieuses se tuant à l’ouvrage, cantonnées aux corvées et aux basses besognes, aux niveaux inférieurs de l’échelle sociale.
Et ne parlez pas d’ingénieures, de professeures ou d’écrivaines ! Et encore moins de proviseures, préfètes, docteures ou Chevalières ! On leur concède magistrates, juges, banquières ou avocates, mais pas auteures ou procureures, ni brigadières ou commandantes, à peine tolère-t-on bâtonnières et en aucun cas la ministre !
Dans tous ces métiers masculins qu’elles invertissent avec brio, des hommes imbus de leur pourvoir et inquiets de leur progression, leur reprochent avec virulence cette orthographe iconoclaste. Sous couvert de langue française, ils protègent leurs territoires abusant de ces « Droits de l’homme » qu’ils accordent si peu aux femmes, leur déniant la reconnaissance qui ferait d’elles des égales.
Il semble qu’à leurs yeux une femme vaut moins et qu’ils préfèrent encore qu’elles restent des putains !
Devant cette inique infemmie, je rêve d’un monde épicène où chacun quelque soit son sexe pourrait y vivre et s’épanouir. Je rêve d’un monde plus juste, débarrassé de ces clivages qui tout en desservant les femmes empoisonnent le monde entier ; d’un monde où les êtres enfin libres du poids de ces déterminismes verraient enfin cette évidence qu’il n’y a qu’un seul genre humain.
Mais domestiques ou femmes de chambre, serveuses, sportives ou présidentes ! C’est du pareil au même, d’un coin du monde à l’autre partout le même topo !
Femmes de bureau, femmes de ménage, quelle différence quand les hommes les traitent toutes comme des putains ?
© Catherine Gaillard-Sarron 1.6.11